Chose promise, chose due : parlons de vernis à ongle, entre deux matchs PSG-Barça, qui sont quand même les événements les plus réconfortants de ces temps troublés.
Rien ne va plus. Les hommes politiques sont corrompus et mentent avec aplomb (ah bon ? c’est nouveau ça !), le printemps n’arrive pas, l’OM a battu Bordeaux, y aura pas Koh-Lanta à la télé et la frange est à la mode. Heureusement, on peut se repaître de Ryan Gosling, Bradley Cooper, Channing Tatum et Jude Law dans les salles obscures (la Lonesome Camionneuse aime bien ces films où t’en as pour ton argent) – ainsi que des beaux gosses de Game of Thrones (merci au passage à Melle Babouchka qui est un être de lumière bien qu’elle supporte le Barça, et qui hormis la Russie a dévoilé à LC les secrets du streaming, ça fait 3 jours qu’elle ne décolle pas de l’écran) (mais le streaming c’est mal, ça enrichit les mafias qui font du trafic d’organes) (rien à foutre car selon un sondage à la pointe de la métaphysique, la Lonesome Camionneuse serait une Lannister) (ce qui explique beaucoup de choses).
Mais hauts les cœurs! rassurons-nous, selon les magazines féminins toute cette morosité n’est que vue de l’esprit : car, pour être une femme épanouie, rappelons-le, il faut un beau sac à main, des chaussures, un appart’ et un mec. Penser, mais pensez-vous ! Inutile, à tous point de vue.
Et pour être heureuse, mes pauvres filles, c’est pas compliqué : il faut prendre des « bonnes résolutions », sinon tu finis « célibataire au bord de la crise de nerf » (eh ouais). Pour devenir femme, il faut 1. se maquer (comme les sardines au fond de leur boîte, on se tient bien rangés cachés dans un bel uniforme blanc) et 2. enfanter (la MÈRE, cet archétype de la féminité). Quand on t’appelle pour te dire que « bien sûr je n’ai pas précisé sur l’invitation, mais je te compte deux personnes », tu te sens GÊNÉE de répondre « non non, moi toute seule ». Eh ben merde. Les sardines sont partout, même chez les gays. Y a plus de saisons.
En attendant, que faire ? Assortir ton vernis à ongles à ton rouge à lèvres. Et c’est pour ça que le vernis à ongles est si important : le vernis à ongles montre que tu prends soin de toi, que tu es une femme de pouvoir et d’esthétique (mouahahaha), que tu irradies la confiance en toi telle un mandarin du XVIIème siècle – les mecs qui se laissaient pousser les ongles pour montrer qu’ils n’en branlaient pas une.
Dès lors, les dilemmes ongulaires s’installent :
1. Manucure hors de prix (t’es pauvre, t’as pas réussi, t’as pas d’argent à dépenser pour ta manucure hebdomadaire) (mais où sont tes comptes en Suisse ?) ou pose maison ? Voire réquisition de tes amies pour une pose autour de la lecture de l’horoscope (solution la plus agréable à tous points de vue, mais qui heurte vaguement quelques un de tes principes féministes et politiques qui voudraient que toute soirée entre amis soit mixtes et dédiée à des discussions sur l’avenir de l’humanité) (mouahahaha) (rassurez-vous, cette minute de mea culpa était toute rhétorique, jamais la Lonesome Camionneuse ne recule devant une soirée copines-vernis à ongles-horoscope). Parce que je peux vous dire que c’est plutôt coton de s’étaler du vernis de couleur sur une surface aussi petite que tes ongles, surtout quand tu dois le faire de la main gauche sur la main droite (ou de la droite sur la gauche pour les gauchères, vous saisissez le concept) (ambidextres, voici le moment de votre victoire). Inutile de dire que tu vas passer un bon moment armée d’un coton tige imbibé de dissolvant pour corriger toutes les taches qui ont inélégamment débordé lors de la pose (la Lonesome Camionneuse est maladroite, c’est là son moindre défaut).
2. Combien de couches de vernis ? La tradition est de cinq : une de base, trois de couleurs, une de top. AHA, chers hommes, là vous commencez à flipper ! Croyez-vous que la féminité soit chose évidente ? La carotte géologique du vernis à ongles c’est pas de la petite bière (et je ne vous parle même pas d’épilation). Sachant qu’il faut attendre 20 minutes entre chaque couche pour être sûre que la chose tienne, il faut avoir au moins Top Chef, Harry Potter ou Shoah devant toi pour procéder à l’opération (selon ton humeur). Et comme dans cet intervalle de 5 x 20 minutes tu ne peux rien toucher, le dilemme suivant est bien évidemment d’ordre physiologique… mais je n’en dirai pas plus. Chers hommes (merci à vous de daigner me lire) (le dialogue inter-genres est en marche), je vous épargne enfin la question de l’huile pour cuticule, des bâtonnets de buis, du vernis gel et de la french manucure. Sachez nonobstant que l’opération est plutôt technique, et qu’il est donc de bon ton de féliciter la fille manucurée comme un bon toutou, comme quand elle fait un bon petit plat, ou le ménage.
3. Quelle couleur, le vernis ? Assorti au rouge à lèvre, je veux bien, mais assorti, ça n’est pas non plus si simple : monochromie, bichromie, opposition frontale, complémentarité ? Plutôt Kandinski, Malevitch, Vermeer ? Un jaune très Simon Vouet ? Dans l’éventualité d’un Grand Match du PSG à venir, une alternance rouge/bleu foncé est ultimement pertinente (mais attention ! faire mine de rien, n’oubliez pas : un supporter de foot n’est pas une FEMME, c’est un supporter avant tout) (si vous choisissez l’option ongles peints, va falloir lâcher une bonne bordée d’enculés ou de ses variantes durant le match) (mais attention : grossière mais jamais vulgaire).
Un choix de vernis à ongles jamais n’abolira le hasard.
Forte de cette conviction, la Lonesome Camionneuse a décidé de se ronger les ongles jusqu’à nouvel ordre : acte politique et philosophique s’il en est. Le suspense du match retour face au Barça est trop intense de toute façon.
fan.
Merciiiiiiii.
les ongles de melle bab sont également au plus ras. par féminisme, bien sûr, et parce que son coeur belongs to the barça
va, ta foi t’a sauvée.