De l’intimité

Bon sang, on discute on discute et le temps passe. Il est vrai que j’étais très occupée à écouter Despacito vingt fois par jour, ce qui hélas ne m’a pas permis d’en retenir les paroles car je n’entrave que dalle à l’ibérique, à part ola mujer et Shakira waka waka, et surtout ça ne m’intéresse pas le moins du monde. Mais pas un poil d’aisselle (chacun sait que les poils d’aisselle sont les plus fins) (que mes amis espagnols me pardonnent mais on ne peut pas être au four et au moulin, j’ai des trucs super plus importants auxquels m’intéresser, genre les soldes).

Vous n’ignorez pas (ou si, mais ça me vexe, je vous le dis franchement) que ça y est, après des années de lose amoureuse de niveau monumental (« Je croyais que je t’aimais, mais en fait non », la déclaration qu’on attend tous), on n’est plus si lonesome que ça dans mon cœur, et dans mon appartement non plus. Enfin, j’ai atteint l’objectif ultime vanté par les magazines, je suis en couple.

Autant je suis tombée sur un modèle exceptionnel (de mec), franchement mais D’OÙ SORT-IL (non, pas DE TON CUL !!!! merci de m’épargner votre vulgarité que je récuse véhémentement), autant même avec l’un des modèles les plus évolués disponibles sur le marché, tout équipé féminisme, qui fait la vaisselle et qui rachète du PQ en avance alors que moi c’est plutôt quand on en est aux dernières feuilles du rouleau de sopalin qui supplée, on n’y échappe pas, la vie de couple apporte avec elle son lot de vicissitudes.

Tout à coup tu te dis que c’était pas si mal que tous ces connards ex ne veuillent pas emménager avec toi (voire même être ton mec), parce qu’avec l’intimité arrive la fragilité. Ouais alors attention, je ne parle pas de la fragilité féminine, moi je suis un King Kong de base, aucune sensibilité, mais quand même, dans l’intimité tu montres ton cul.

Comme mon mec est un tout-terrain (ai-je déjà précisé qu’il est presque parfait – parce que parfait c’est boring), il n’est pas très sensible à ces problèmes, et puis il a un côté assez normal, ce qui fait par exemple qu’il se lève avant 10h du matin, et que 13h peut lui sembler incongru et qu’il réalise que j’ai été piquée par une tsé-tsé (et merde, c’est les vacances !). De même, il est assez sceptique sur ma technique de ménage consistant à ramasser les moutons.

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Mon état naturel lors que je m’éloigne des foules déchaînées

Mais le résultat le plus pénible est une constipation chronique tant que l’Homme est dans les parages (oui, la vie est une chienne, oui je parle de trucs vraiment triviaux, et oui ma salle de bains a une porte merci bien mais que voulez-vous, on a tous ses blocages) et la terrible impossibilité de s’épiler ouvertement à la pince (chacun ses travers). J’avais partiellement résolu ce second problème en récupérant en scrède la lampe frontale de mon mec (oui, c’est un baroudeur, il va pister le flétan en haute mer avec des pirates) et en opérant à la faveur de l’obscurité, tandis que mon mec dormait. Seul bémol, la lampe frontale suit les mouvements de la tête (je sais, incroyable !) ce qui fait que la dernière fois que je l’ai regardé pendant qu’il dormait il s’est pris la lumière en pleine gueule et s’est réveillé devant une silhouette noire et hirsute coiffée d’une loupiote et brandissant une pince à épiler acérée.

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« Ce fut comme une apparition »

Déjà que le masque pour dormir l’avait vaguement refroidi. Depuis je dors sur le canapé, c’est plus sûr.

Note for self : arrêter de dire mon mec. Ca fait pouffe casée qui laisse derrière elle avec joie son gang de lonesome célibataires loseuses alors qu’en fait c’est quand même super bien le célibat. Dire à la place un truc comme le gars que j’autorise à évoluer dans mon entourage, ce qui est plus long mais meilleur pour l’estime de soi.

Alors que la situation est déjà pour le moins critique, on va partir une semaine en vacances dans sa famille, ce qui est un champ de mine potentiel de l’ampleur de la bataille de Koursk, reconnaissons-le. Déjà, comme me l’a toujours dit ma mère, il faut se méfier des vacances car on s’y retrouve au quotidien devant quelqu’un qu’on peut éviter la majorité de la journée pendant le reste de l’année, ce qui fait que de nombreux couples se séparent au retour de leur période de villégiature révélatrice (un couple sur 10 selon Grazia) (je cite toujours mes sources). En plus de contempler la nudité crasse de l’être de l’autre, il faudra donc aussi résister au crash test de la vie familiale : rigoler aux blagues du grand-père, écouter les histoires de caca des neveux, aller à la pêche avec les frères (à ce qu’il paraît c’est obligatoire, un peu comme une initiation vaudoue) et tout cela en pleine campagne SANS ACCES INTERNET mesdames et messieurs alors qu’on sera en pleine saison 7 de Game of Thrones.

Priez pour nous pauvres pécheurs. (Non parce que moi, pêcher, ça me dit trop rien).

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En attendant on se débrouille avec les moyens du bord

Des hommes mariés

Paris, 53% de femmes, 51% de célibataires, moi. Déjà que les statistiques sont contre moi, qui ne suis finalement qu’un frêle fétu de paille dans ce vaste monde cruel et néo-libéral, où la concurrence pour les mecs est plus féroce que la lutte pour une patate dans un camp de concentration (point Godwin gênant dont je suis, hélas, spécialiste). C’est la lutte finale, de toute façon y a un truc qui va pas chez toi : tu veux des gosses ? t’es beaucoup trop pressée et exigeante ; t’en veux pas ? ah mais non moi j’en veux, mais pas tout de suite, mais non quand même de toute façon, tu parles trop, tu parles pas assez.

Bref, on pagaye à vue, il ne suffit plus de montrer ses seins pour scorer – on m’a même informée récemment que c’était pas un bon move de montrer ses seins parce que ça veut dire que potentiellement tu peux montrer tes seins à tous les mecs et que comme les mecs c’est hyper insécure faut pas susciter leur jalousie potentielle. Mais qu’en même temps c’est quand même bien de montrer tes seins, mais subtilement (et suis-je subtile ? un faisceau convergent d’indices m’incite à penser que non). Je vous explique même pas à combien de bandes est le billard quand tu essaies de comprendre ce qui se passe dans la tête des mecs.

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Ce constat de lose n’étant pas nouveau (dans mon cas pour le moins), j’ai pris le taureau par les cornes et j’ai décidé par commencer par ce qui était en mon pouvoir, telle la Reine des Neiges libérée délivrée. Donc, en gros, j’ai d’abord arrêté de sortir avec des connards. Genre les mecs qui t’expliquent qu’ils t’aiment parce que tu es bien foutue, ou que tu as un grave problème d’ego (et pas eux bien sûr), ou qui t’expliquent que leur vie idéale c’est dans deux appartements séparés. Ça a pris un certain temps parce que j’aimais vraiment bien les connards ; il n’échappera à personne que le masochisme est un lit dans lequel on se vautre facilement. En outre, on ne va pas se mentir, je ne suis pas NON PLUS un cadeau. Enfin disons qu’il faut me supporter, mais que je fais de très bonnes tartes au citron. Merci bisous.

Ensuite, j’ai eu une bonne phase losers (là tout de suite je sens que je mets mes ex en panique : « mais qui suis-je, un connard ou un loser ? » – ou plutôt « quoi cette connasse hystérique ose me traiter de loser ? » ; rassurez-vous, ce blog est totalement fictionnel je vous rappelle merci bisou ; de toute façon aucun de mes ex ne veut rester mon pote on se demande bien pourquoi, sauf deux courageux qui habitent à plus de 5000 kilomètres), mais on se lasse rapidement du loser (notamment au niveau du porte-monnaie), surtout quand on est deux ça fait trop de lose au m2. Soyons lucides.

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Riche de ces expériences, on commence enfin à rencontrer des hommes normaux (on ne demande pas la lune), et là, un constat s’impose : MAIS WTF ILS SONT TOUS MAQUÉS. Et attention, hein, la plupart n’annoncent pas la couleur (et c’est bien tout le problème). Tout à coup on a l’impression d’être entouré d’une bande de Jésuites de la plus belle eau pratiquant la mentalis restrictio à fond les ballons ou tout simplement le mensonge par omission d’ailleurs : de toute façon c’est ta faute si t’avais pas compris, t’as pas demandé. Alors ça c’est fort, attendu que ma position morale en la matière est irréfragable et que personnellement je mentionne mon mec dans la première demi-heure de drague s’il y a lieu. En même temps, ok, j’en ai pas, POUR LE MOMENT.

Or donc, j’en ai conféré avec d’autres membres de la confrérie masquée des meufs célib (tout le monde sait qu’on a des signes secrets et qu’on contrôle le monde telles des féminazies pleines de fiel), et paraît-il que c’est courant. Y a même des techniques. La technique la plus fréquente est de feindre l’étonnement vers le quatrième rendez-vous (« ah mais oui, Félicie, MA FEMME » « euh… quoi ???? » « non mais si, bien sûr, ma femme » « ah non, en fait, non » « ah bon je ne t’en ai pas parlé ? » – air innovent passablement faux – « EN FAIT NON ») quand tu commences à être bien ferrée (damned). On en a vu porter leur alliance à la main droite ; j’attends avec impatience le mec qui m’expliquera que si si dans sa famille c’est la coutume de la porter au doigt de pied. Passons sur les pauvres attardés qui te draguent en te faisant du pied sous la table devant leur meuf, c’est so 1830 so Balzac so no way.

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La paranoïa guette.

Autre cas de figure instructif, l’homme qui se fait rappeler à l’ordre par ses potes « dis-donc tu devrais peut-être parler à ta nouvelle copine de Murièle, ben oui tu sais, Murièle ta femme » (j’ai rien contre les femmes des autres dans l’ensemble, sauf une jalousie subconsciente bien compréhensible eu égard à mon enfance bourgeoise, on me pardonnera donc de les affubler imaginairement de prénoms vieux et de colliers de perles). C’est juste un peu fatigant quoi, déjà que tu as bien vérifié que le gars n’est pas psychopathe, lourdement névrosé, réalisateur de films d’avant-garde (un bon style de loser, souvent), désespérément pas fun, on n’a pas non plus un radar multi-agents franchement, un peu de pitié quoi, un peu de douceur dans ce monde de brute.

Ou alors il faudrait que je développe ma technique de démariage, plus d’un mariage sur deux à Paris se finit par un divorce, y a de la brèche dans le gaz de schiste. Mais franchement je n’ai pas la patience ; et puis le ciel étoilé au-dessus de moi, la loi morale en moi, tout ça. Encore que, non, en fait c’est juste que j’ai la flemme.

On n’est toujours pas rendus.