Vraiment ce blog pose les questions de fond de l’existence humaine. Je me sens tellement proche de Pascal ces derniers temps. Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie, quoi.
Danser sur Sardou : grave question qui a tendance à se poser dans les mariages où Les lacs du Connemara finissent assez généralement par faire une apparition remarquée (croyez bien qu’à mon non-mariage il n’y aura que Bella ciao en boucle) (car j’ai BON GOÛT) (ce qui ne veut pas dire que mes amis qui mettent Michel Sardou à leur mariage ont mauvais goût) (en vrai je ne déteste pas cette chanson) (j’ai honte mais je me soigne, enfin j’essaie).
Quel est le vrai problème existentiel posé par le retentissement des premières notes de cornemuse de ce gai refrain populaire ? Gros foutage de gueule évidemment que cette légende du Connemara, ouest mythique de l’Irlande, qui consiste en une lande couverte de gros cailloux et de moutons pouilleux où le revenu moyen de la population au XIXe siècle était bien inférieur à celui du Rwanda, d’où une bonne émigration de masse. Cela dit ça a l’air assez beau si on aime le genre pelé et ultra-catho.
Comme vous en mourez tous d’envie, voici un petit rappel en images et son. Enjoy!
Ouais bon on est tous d’accord, la danse irlandaise c’est un peu ridicule et très bondissant.
Ensuite évidemment, la vraie question de Faut-il danser sur Michel Sardou c’est : femme engagée, toi qui aspire à devenir la Louise Michel de la hype, es-tu prête à bouger ton body sur les vocalises d’un chanteur gravement DE DROITE ?
C’est pas trop la peine d’épiloguer sur la question : un pote de Sarko qui fait une chanson qui s’appelle Je suis pour (la peine de mort) puis aggrave ensuite son cas en expliquant qu’il n’est pas pour la peine de mort SAUF si un pédophile butait son gosse n’est (à mon humble avis) pas spécialement le chantre d’une justice équilibrée (tout est dans le sauf si : je suis pour la sécurité sociale / les allocations sociales / le SMIC sauf si les gens en abusent) (ouais ils bâfrent honteusement avec leurs 400€ de RSA par mois) (salauds d’assistés). PS petit bisou à mes amis de droite, mais qu’ils pensent sérieusement à une rééducation, non mais sans blague ! (attention les gars, on a le couteau entre les dents)
Au demeurant, d’aucuns qui me connaissent savent que je suis une émérite chauffeuse de piste, une danseuse plus agile que Kiki de Montparnasse (je saute comme un cabri, le bras levé, en faisant diverses grimaces) (on ne RIGOLE PAS) (remarquez que ma technique est bien adaptée à la danse irlandaise). Je ne recule devant rien, ni Nuit de folie (et tu chantes chantes chantes, ce refrain qui te plaît, et tu tapes tapes tapes c’est ta façon d’aimer) (gros kif) ni même Danse des canards (soyons fous, soyons beaufs). Et vous n’êtes pas sans ignorer que je suis également fan de Jean-Luc M. (dai, dai, dai à Hénin-Beaumont !!)
Or Michel Sardou pose là un dilemme bien clair : se laisser prendre au rythme entraînant des binious et de « Terre brûlée au vent, des landes de pierre, autour des lacs c’est pour les vivants un peu d’enfer le Connemara » (oui, en passant je me suis rendu compte que je connais les paroles par cœur OMG), ou retourner s’assoir à table d’un air dédaigneux pour marquer son positionnement politique? Personnellement en général j’adopte une lâche attitude d’entre-deux : je fais bien comprendre aux gens qui m’entourent par une moue dégoûtée que je désapprouve totalement, puis je me lance hardiment dans la danse une série de bonds désordonnés.
Mais il faut aussi compter avec la pression sociale, grande prêtresse de la lâcheté humaine (dont je suis hélas remplie), qui nous pousse hors de nos retranchements et nous oblige à adopter une attitude résolue dans un sens ou dans l’autre.
Premier cas de figure : mariage très très chic de diplomates internationaux à Bruxelles (oui, je suis parfois invitée à des mariages chics)(c’est parce qu’ils ne me connaissent pas), où le DJ balance : « Et spécialement pour les deux Français qui sont là (i.e. dont moi)… MICHEL SARDOU !!!! » Bien bien bien… Il va falloir y aller franco. Laissez-moi vous dire qu’on est courageusement montés au front et qu’on a cabriolé avec grande conviction. French touch oblige (bien dommage que Sardou représente la chanson française).
Second cas de figure : mariage d’amis en Alsace, après avoir chanté « Bretzel power » en cœur (grande chanson des Hopla Guy’s, groupe mythique quoique hélas haut-rhinois). La mariée, grande fan des daubes années 80 (elle n’est pas seule, merci B. pour cette playlist j’ai bien kiffé), est toute heureuse de danser sur l’air de biniou du Sardou. Je m’apprête sagement à adopter mon attitude de compromis mou du genou habituelle, quand j’entends mon voisin, un garçon très classe et très de gauche, pousser un Ourgh de dégoût et courir s’assoir en me disant « ah non Michel Sardou je peux pas ». Attitude intransigeante et engagée qui devrait être la mienne, donc, si j’avais un tant soit peu de cohérence politique. Ce qui n’est pas vraiment le cas (vous aurez remarqué). De plus, cet homme est un parangon de bon goût musical car laissez-moi vous dire que c’est un joueur de oud de premier ordre (le oud c’est du luth arabe bande d’ignorants) (vous inquiétez pas moi non plus je savais pas). Piteusement j’ai regagné ma place en commentant avec morgue le mauvais goût des potes qui continuaient à bondir de concert sur la piste. Oud 1 – cornemuse 0. Mais je suis quand même allée danser sur Johnny.
J’ai des convictions, mais faut pas pousser mémé dans les orties.
Une vraie star du dance floor que la lonesome camionneuse: je confirme
Sardou est à chier, mais qu’as-tu contre les danses irlandaises? Sur les Pogues par exemple?
Rien du tout, c’est très beau, c’est juste qu’ils sautillent beaucoup, quand même! Mais tu connais mon amour pour l’Irlande ;)
Non, je reconnais, leur spiritualité et leur grâce se trouvent ailleurs que dans leurs danses qui sont carrément immondes… Pour oublier, une ballade.
ps: Pourquoi j’ai toujours le petit carré vert?
Super, merci!
Pour le carré vert je n’y peux rien, c’est le logiciel qui te l’a attribué… C’est le destin!
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