#ParisJeTaime

Alors comme ça, la Lonesome Emmerdeuse traînait sur twitter comme à son habitude parce que c’est très utile pour suivre les actualités de temps à autre. Et là, Paris Je T’aime, le compte de l’office du tourisme, appelle des impétrants pour raconter leur Paris. Ni une ni deux, l’Emmerdeuse répond, deux doigts sur la couture du pantalon : il faut dire que quand il s’agit de se la raconter qu’elle est parisienne, et en plus sur twitter, elle serait prête à tuer père et mère. Internet, ce destructeur des familles.

Donc, sa mission, animer pendant une journée le twitter et l’instagram de Paris je t’aime, @Paris_OTC pour les intimes (voir ici). Les pauvres ne savaient pas à quoi ils s’exposaient – oui, l’Emmerdeuse est bavarde. Et infatigable (enfin, dans les limites des horaires décents de la vie nocturne).

Voici donc le compte-rendu de la chose.

D’abord il fallut se lever avant 10h: comme chacun sait, tâche héroïque pour la Lonesome Emmerdeuse, qui d’habitude traînasse au lit jusqu’à midi en espérant que sa thèse aura été écrite dans l’intervalle. Hélas, nous pouvons en conclure que le lutin des thèses n’existe pas, le salaud.

Pénétrée des saints principes de la boboïtude, la journée fut donc consacrée à la terre sainte du 18ème et du 19ème arrondissements, à la beauté du bio, de la récup’ et des trucs de la branchitude aiguë (ou pas) (on fait ce qu’on peut). Trinité sacrée. Bref, il fallait commencer par du sain: dressée devant la fenêtre, gavée d’abricots acquis la veille à prix d’or au marché bio des Batignolles (le décor est campé), notre héroïne déroula son somptueux tapis de yoga et fit 5 salutations au soleil pour se calmer la cervelle – parce que twitter pour 7000 followers c’est pas rien quand même.

Om. Om. Om. Sourire de dauphin (c’est comme ça que dit Maîtresse Yoda la meilleure prof de la terre).

N’écoutant que son courage, la Lonesome Emmerdeuse laissa derrière elle son évier débordant de vaisselle sale (si quelqu’un a un truc pour nettoyer un zesteur, le mien trempe inutilement dans l’eau depuis une semaine, merci, bisou), enfila ses ballerines qui puent mais bon elles font pas mal aux pieds, et partit arpenter les arrondissements de la boulasse de la vie de bobo.

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Vous connaissez ma devise: qui peut le plus peut le moins, et tu donnes tu donnes tu donnes. J’ai twitté à la vitesse de l’éclair, plus prolifique que les nègres de BHL et Marc Lévy réunis, avec l’ardeur du paysan de Paris. Instagram n’en pouvait plus tellement je prenais en photo tout ce qui bougeait telle Robert Doisneau un journaliste de Voici à l’affût de Paris (Hilton).

Et voici le résultat : une carte immortelle à voir ici, quelle régalade les enfants ! Du street art, de la fripe, de la hype, du gode, du marabout, que du gouleyant !

Inutile de préciser que la logistique imposait de recharger la BÊTE (susnommée « iPhone mon amour ») toutes les deux heures sous peine d’extinction. Mais même sous la botte de l’oppresseur électrique, jamais la censure ne passera! Nous twitterons nos imbécillités à la face du monde, oui monsieur! Et que vive la liberté! En avant, en avant!

Cela dit, ce qui était pratique c’est que du coup j’avais un bon prétexte pour m’arrêter boire des coups – comme chacun sait « il n’y a pas d’heure pour l’apéro » mais hélas certains de la clique de la vie saine qui n’a pas toujours la science infuse prétendent que l’alcool serait mauvais pour la santé. Pffffffrt, pffffffrt! Ridicules allégations! Un petit ballon de rouge et c’est reparti mon kiki, voilà ce que dit la sagesse populaire ; en outre Paris sans ses bars, Paris sans le PMU, Paris sans ses comptoirs marqués à la piquette qui tache, ce ne serait plus qu’une ville d’eau sans ampleur et sans âme. La preuve, voyez ce que Vichy a fait de la France! Non, vive le vin, vive la rose et le lilas, buvons enfants de la patrie.

Après c’était un peu relou parce que je suis allée manger et prendre le café pour me réveiller un peu chez Melle Babouchka et qu’y avait un peu situation de crise de débrief nécessaire de problème de mec de Melle Classe Internationale qui était toute tristoune la pauvrette ; disons que l’Emmerdeuse a un peu merdouillé vu qu’elle passait son temps à twitter des infos passionnantes et à poster des photos de la cafetière au lieu de s’occuper de ses copines. Internet, ce destructeur des amitiés.

Mais bon, à Barbès on m’a filé l’adresse d’un excellent marabout, je vais me faire désenvoûter au plus vite.

Bon c’est sûr, ça aurait été mieux que le PSG gagne à la fin, mais l’un dans l’autre, c’était une bien belle journée. Paris est magique, Paris je t’aime, Paris envoie du lourd.

Merci @Paris_OTC, et à tous les gens qui m’ont suivie !

De twitter

Donc voilà, la lonesome emmerdeuse twitte. Car son ethos est de répandre la bonne parole de la boulasse intergalactique sur l’internet qui réunit les peuples malgré leurs différences irréconciliables croit-on mais pas du tout car il y a l’internet qui réunit les peuples malgré leurs différences irréconciliables croit-on mais pas du tout etc. etc. Alors bon, certes elle est en retard d’à peu près mille années lumières sur l’échelle de la branchitude 2.0. (que veut dire ce sigle numéraire mystérieux ?) (je l’ai su mais je l’ai oublié) (peu importe, ça cause de l’internet qui réunit les peuples malgré leurs différences etc. etc.). Donc twitter, c’est so 2008 que la lonesome emmerdeuse est bien entendu à la traîne. Comme d’hab. Mais qu’à cela ne tienne, son piolet à la main et ses crampons aux pieds, elle se lance à l’assaut de la twittosphère. L’Anapurna, tu m’as déçue.

Ici, un encart de remerciement officiel à Monsieur l’Elfe de l’Internet, qui a dévoilé à Lonesome les mystères de twitter et de ses liens invisibles avec les autres ports de l’océan de l’internet qui… (bon j’arrête), ce qui fait que miraculeusement, ô joyeux compagnons, vous pouvez trouver le compte twitter de la taulière depuis le blogue et faceuhbookeuh et bim c’est parti mon kiki, connectez-vous pour écouter le bruissement du Grand Néant de l’Information Inutile.

Ne médisons pas nonobstant. De quoi gazouille twitter (ui parce que twitter ça veut dire gazouiller, cuicui les petites mésanges que c’est meugnon tout ça) ? Il s’agit d’émettre paroles, pensées et informations en les réduisant, tel un vulgaire texto, à la substantifique moelle de 140 caractères.

the-beginner-s-guide-to-twitter-d5e5ee7224Oui, vous voyez bien le problème. Damnation de la concision, horreur du laconisme, la lonesome emmerdeuse est perdue, elle qui se complaît dans des textes fleuves dont la vacuité n’a d’égale que la longueur ! Terrible est ton destin, toi qui parles trop (non, pas trop quand même) (juste pas mal). Voici alors surgir de ces affreusités orthographiques qui s’égayent en toute liberté, telles « t tro knon jsui cho pour twa rdv 2m1 pr 1 resoi cokine » (voir ici sur la question du langage sms, une abomination plus choquante encore que le mariage pour tous, c’est vous dire). Et encore, grâce à l’iphone, cette invention du ciel, et aux sms illimités, cette invention de la Trinité et de tous les saints réunis (que me pardonne mon entourage, qui subit la canonnade constante de ma prose incoercible), le problème de la concision du sms a été réglé à la satisfaction de tous, et au désespoir de quelques uns (oui ok, 50 sms/jour c’est un peu beaucoup, mais ma vie est si intéressante).

Donc twitter : consiste à donner des infos sur ta life trop passionnante en 140 signes (enfin, si t’es sérieux tu donnes de vraies infos, y a des twittos qui font ça, même je suis abonnée) (mais eux leur trip c’est d’être le premier à avoir l’info) (et là dessus pas la peine de jouer, tu pars battue d’avance). Mais attention, donner ces précieux aphorismes tels quels serait trop facile : il s’agit de les émailler de sigles consistant à crypter l’action pour y ajouter un peu de piquant. Par exemple, imaginons que vous vouliez communiquer que vous êtes en train de choisir un maillot de bains (sujet brûlant pour la planète entière), ça pourrait donner : Profitons des #soldes pour faire péter le #bikini, au #diable l’#avarice OH c’est l’été @meteo_france au bord du suicide. Un bon petit tweet sans aucun contenu, bien en phase avec la société de consommation, et censé être rigolo (oui bon, on n’y arrive pas à chaque coup). On s’explique : le # ou hashtag ou bien dièse mais on dit hashtag pour faire classe genre je sais dire dièse en anglais, ah ouais et alors comment tu dis bémol, dugland ? signale un sujet souvent cité et permet ensuite de retrouver le tweet parmi la mer d’informations pertinentes produites relatives au #bikini, par exemple, voire au #stringficelle. OH signifie overheard, j’ai entendu dire dans les chaumières et bim j’me la pète encore une fois que je cause angliche mouahahaha anyway quoi. Enfin, @, ce magnifique sigle circulaire, c’est l’alpha du tweet, celui qui définit qui tu es, où ton habites, ton identité twitterienne quoi. Pas besoin de se creuser le ciboulot avec « je est un autre » : je est un @, et c’est tout.

TwitterWTF

Bref, RT, FF, HT, LT, TT, twitter a un coût d’entrée lettré, et ça, ça plaît à la lonesome emmerdeuse, qui passe d’ailleurs son temps à RT pour faire profiter ses (peu nombreux mais fidèles) (on l’espère) followers (trop on parle anglais ici comme des natives, so whatever quoi) (anyway, see, I believe I can fly, French fries) de la science infuse de l’univers diffusée par ces petits messages volatils et gouigouizants.

Le problème, quand même, c’est qu’en 140 signes t’as pas 3000 trucs à dire… Donc tu commences vite à avoir une furieuse envie de dégoiser ta life dès qu’une phrase courte te vient à l’esprit. Pour preuve, ce tweet immortel du midi signé hier de la lonesome emmerdeuse (l’auto-citation, on est mal partis les enfants) (ça sent mauvais, ça sent le personal branling, ouuuuuh là là) (voyez cet hilarant tumblr ici) : « Ce moment délicieux où tu te rends compte que tu as oublié de mettre du sel dans l’eau des pâtes #failculinaire » Oui. Affligeant, je vous l’accorde. Quoique frustrant, nous le savons tous : les pâtes sans sel, c’est dégueu (voici un texte ravissant sur la question). Et encore, je me suis retenue de balancer « Les ascenseurs d’Abbesses sont en panne #angoissemétaphysique » ou « La #baguette était trop cuite #mauditboulanger ». La médiocrité s’infiltre vite dans les interstices du tweet. Méfiance, donc, méfiance. Restons sur nos gardes (tu parles, attendez-vous au prochain tweet moisi dans les 24h) (misère de l’homme sans Dieu) (il se met à twitter).

Twittez, twittez, qu’ils disaient. Hélas. Encore une addiction sévère, mais au moins celle-là ne prend que 140 signes à chaque fois.

Suivez-la (ou pas) (mais ça lui fera tant plaisir) (on est vendredi) (#FF #personalbranling #donc) : @wanderingcity

#bisous #amour #paixdanslemonde