Des conditions pour un Nouvel An réussi

Chers lecteurs et aminches, j’ai bien analysé mon positionnement marketing et suis parvenue à la conclusion que ce blogue est un haut lieu de laïfestaïle, et que donc j’étais parfaitement habilitée à donner des conseils qui vous rendront la vie plus joyeuse et plus belle. Par contre, soyez conscients de qui vous parle : vous ne serez pas forcément dans la tendance (en même temps je viens d’acheter une plante et dans Glamour ils disent que c’est trop stylé, donc one point) (la plante vient de crever après deux semaines de faiblarde existence, mais c’est un détail). Comment, donc, organiser une soirée de Nouvel An sympathique et qui ne vous donne pas envie de vous pendre alors que vous allez fêter en 2017 votre trente-sixième vingt-cinquième anniversaire ? Avant tout, éviter les écueils de Noël (certains ne devraient pas être trop compliqués).

La chose est facilitée par l’absence de cadeaux : vous n’aurez pas à vous extasier sur l’immonde écharpe en chenille offerte par votre tante Roberta, ni à calculer mentalement que vous avez reçu une valeur de 50 euros à peu près alors que vous en avez dépensé 500 pour les cadeaux des autres (j’ai jamais dit que j’étais pas une pute vénale, outre que j’ai lu Marcel Mauss), tandis que vous remarquez du coin de l’œil que votre frère inspecte l’air dégoûté la liste des ingrédients de l’après-rasage bio suédois hors de prix que vous avez acquis pour lui à boboland, à fins de contrebalancer l’achat récent de son quatre x quatre gris métallisé de gros beauf. Les gens sont parfois rétifs à la civilisation, et refusent que l’on fasse leur bien malgré eux. Des ingrats.

Autre avantage de Nouvel An : c’est une fête non-familiale. En effet, que serait un Noël réussi sans une engueulade familiale ? Le point de départ peut en être varié : argent, amour, carrière, chance, un vrai boulot pour Elizabeth Teissier, entre ta grand-mère qui te prédit qu’« à ton âge si tu es encore toute seule c’est fini pour toi ma petite » (m’en fous mon horoscope pour 2017 me prédit une rencontre qui pourrait déboucher sur le grand amour, jdcjdr), ta petite-cousine qui t’explique qu’elle n’est pas vraiment amoureuse de son mec mais qu’à un moment il faut bien se poser (gloups) et que tu aurais donc dû rester avec Jérémie qui gagnait bien sa vie. Tiens, en arrière-plan, ton oncle et ton cousin se foutent sur la gueule au sujet de l’héritage de Papi Mougeot, pourtant bloqué par le divorce en cours de la tante à qui plus personne ne cause depuis dix ans, tandis que ton autre tante explique à ta belle-sœur pharmacienne le scandale du Mediator (spoiler : la belle-sœur bosse pour un laboratoire pharmaceutique). Heureusement qu’y en a qui font des gosses pour mettre tout le monde d’accord autour du sujet du « gouzi gouzi ».

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Donc, pour Nouvel An, choisir des convives qui n’évoquent jamais ce genre de sujet (argent, amour, carrière, chance) (je me permets également d’y ajouter l’immobilier, un des sujets de discussion les plus chiants de la planète, merci bisous) et se préparer quelques cartes joker si la discussion dérape : par exemple, les Suisses (en général, tout le monde est d’accord pour dire que les Suisses sont désagréables, surtout les Suisses alémaniques, oui c’est un préjugé quasi raciste mais nous n’en sommes plus là), le changement climatique, le scandale du décès des vieux qui sont morts en 2016 (pas le scandale des Syriens qui clamsent par dizaines de milliers malgré leur jeune âge, attention !! non, pleurez David Bowie, maintenant les ¾ des gens trouvent que c’était vachement bien ce qu’il faisait sans y comprendre goutte). Donald Trump ne marche pas, j’ai testé, y en a qui pensent que c’est bien qu’il soit élu et que ça va faire « péter le système » (« comme en 33 » pourrez-vous rétorquer), et éviter bien évidemment le Moyen-Orient et ses environs élargis (Afrique, Asie, Europe, tous les sujets de géopolitique en général). Par contre Sarkozy marche bien, c’est un peu tard mais ça y est, tout le monde le déteste.

Bien évidemment, l’écueil central est d’éviter toute discussion politique, surtout bourrée (ce qui, soyons lucides, arrive parfois à Noël et Nouvel An). Personnellement, j’endosse le titre de « gauchiste de la famille », ce qui génère quelques situations gênantes – à commencer par le fait que personne ne sait très bien ce que veut dire « gauchiste » à part extrémiste stalinien du même genre qu’Hitler, mais « de gauche » ce qui, inutile de le préciser, pose tout de suite la discussion sur de bonnes bases. En plus c’est Macron qui a la cote en ce moment, et ça nécessite une dose de maîtrise de soi d’une solidité proche de celle de Bouddha – hélas, ce n’est pas exactement mon cas. Bien noter le moment de la discussion où l’on te rétorque que ce que tu défends n’est « pas réaliste » – un argument que l’on n’oppose bizarrement pas au FN, donc j’en conclus que les camps d’immigrés c’est réaliste mais la régularisation de tous les sans-papiers ne l’est pas : bon. En plus Mélenchon n’a pas arrangé la situation avec son poutinisme acéré en Syrie, car même si tu ne comptes pas voter Mélenchon tu es, en tant que « gauchiste », censée voter Mélenchon. « Ben alors t’as qu’à voter Macron, je comprends pas ton problème ». BORDEL.

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Par Voutch. (Et oui je sais, je la mets tous les ans) (et je vous dis merde, bien cordialement)

Pensez, enfin, que le premier de l’An n’est qu’une convention, et que vous n’êtes pas obligés de vous conformer aux conventions sociales, que vous êtes un gros rebelle mais pas prêt non plus à aller vivre dans une hutte sur le site de Notre-Dame-des-Landes : le non-Nouvel An est pour vous. Personnellement j’ai passé le plus agréable Nouvel An de ma laïfe à binge-watcher Game of Thrones dans mon lit en dégustant des cornichons (je ne sais pas si vous êtes au courant de cette importante information, mais j’adore les cornichons depuis ma prime enfance et je cède périodiquement au capitalisme mondialisé en en consommant des bocaux entiers) et du chocolat (parce que le chocolat c’est toujours bon).

Mon conseil, donc : évitez les gens. Invitez des plantes, par exemple, c’est bien les plantes, c’est consensuel. Merci bisous lol.

Et la bonne année à vous !

Des cadeaux de Noël

Période dangereuse, sables mouvants du jeu familial, Noël arrive, jouez hautbois résonnez musettes (c’est un petit hautbois FYI, très chic dans les soirées mondaines, la guitare c’est so 1990s). Déjà tu vas bouffer dix fois ton poids en beurre (en huile d’olive si tu es originaire du sud de la Loire) et en sucre en l’espace de trois jours, ce qui va soumettre ton corps à de rudes combats digestifs. Et c’est dans cet état de délabrement stomacal et psychologique que s’organiseront de sains et joyeux rapports familiaux. Et surtout que se dévoilera la Menace fantôme, le Côté obscur, la mithridatisation de toute humanité, les CADEAUX. Passons sur ma ferme conviction que la croyance en l’existence d’un obèse pépé alcoolique en rouge ne change rien à la question, voire même l’aggrave (oui les enfants: LE PÈRE NOËL N’EXISTE PAS et merci bien).

Moment critique critique dans toute relation humaine comme l’a bien dit Marcel Mauss, l’homme qui marcha avec des talons pour comprendre les femmes (gros respect Marcel), l’échange de cadeaux incarne particulièrement la moisissure ultime de notre merveilleuse économie de marché et société de consommation. Je possède donc je suis.

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(Attention: ce n’est pas parce que je critique que je ne veux pas de cadeau, merci de bien comprendre la nuance entre ma position d’intellectuelle distinguée et mon appétence personnelle pour les cadeaux, liée à une petite névrose de rien du tout, et merci bien) (personnellement je prétends d’ailleurs faire des cadeaux de la boulasse intergalactique, tout simplement. JDCJDR, bande de petits chanceux).

La problématique du cadeau est nonobstant complexe. Tout un chacun y a été confronté grâce aux belles valeurs de l’Occident chrétien moulinées à la sauce du crédit et de la publicité (c’est clair que Jésus aurait été grave au taquet sur le coup, je pense qu’il aurait offert des chameaux en masse à son entourage pour les empêcher d’entrer au royaume de Dieu, parce que bon chacun pour soi et Dieu pour tous, à la fin). Offrir à des chiards pourris gâtés une énième connasse blonde de Barbie infirmière maquillée comme un camion volé ou une voiture de sport (qu’on m’explique un jour le rapport de la voiture avec le sport??) télécommandée, voilà qui fait mal au cul, reconnaissons-le. Surtout après tous ces kilos de dinde farcis dans l’estomac. Bien ouéj, tu vas en même temps contribuer un peu plus à la lobotomisation du cerveau d’un gosse innocent (quoique bruyant et mal élevé) (ne nous voilons pas la face, cela arrive plus souvent qu’on ne le voudrait) (quant à moi je les élèverai au knout), et enrichir en y engloutissant un quart de ton salaire des multinationales du plastique qui payent un euro par mois des enfants chinois à fabriquer l’objet.

Toute résistance est inutile, petit cornichon.

Toute résistance est inutile, petit cornichon.

Comble du comble, le damné chiard récepteur de cadeau ne faisant pas encore partie de la vaste masse salariale exploitée (car l’Occident a encore des lois sur le travail des enfants le dimanche), il ne t’offrira rien en retour. Petit profiteur. Heureusement, tout le monde ne fait pas des enfants, ce qui préserve quelque peu ton porte-monnaie. C’est alors que tu rentres dans le système du don / contre-don. Barbie vs Batman. Le FIGHT sous le sapin. Nous voilà partis dans un jeu subtil dont les règles sont impitoyables (et tout un chacun me connaissant un peu s’accordera à reconnaître que la subtilité n’est pas mon fort. C’est donc la mé-merde).

Le cadeau sadique. Apparemment sympathique et bien intentionné, c’est le cadeau qui va te faire pleurer des larmes de sang, tout en mettant le doigt sur tes faiblesses les plus profondes. Genre, un abonnement au Club Med Gym. Un saut en parachute. Une place au concert de Michel Sardou (sadisme suprême, car bien sûr tu vas y aller, une cagoule sur la tête, tout ça pour finir au poste après avoir biffé ta race sur Les lacs du Connemara). Quand tu penses que tu as offert à ce salopiaud les oeuvres complètes de Saint-Just. Il y a des gens qui ne méritent pas l’or qu’on leur met entre les mains.

Le cadeau indécent. Ennuyeux, car tu as pour ta part acheté un savon à 5 euros au salaud qui t’offre un ipad. Bon. Le message est clair: tu es une lorette. Tu vas devoir lui donner ton corps ou garder ses gosses pendant cinq générations. Accroche-toi au pinceau j’enlève l’échelle. En plus on ne peut pas dire que l’ipad te fasse kiffer ta race non plus. Enfin, ça se revend pas mal sur ebay. Ou bien, cela te consolera peut-être un peu de la perte de Gérard, ton défunt iphone bien-aimé. Le monde est si éphémère. Notons également le cas du cadeau indécent ET ignoble. Même un sac Chanel peut être dégueu. On atteint là au degré des larmes de sang.

Le cadeau de merde. En général, ce cadeau se révèlera à la fois cheap et de mauvais goût. Genre un nain de jardin en plastique. Bon, tu ne peux pas trop faire la fine bouche vu que c’est à peu près le genre de cadeaux que tu fais toi-même, tout en étant persuadée d’avoir vachement réfléchi et personnalisé le truc. Quelque part tu n’as que ce que tu mérites. Mais quelque part, ça fait te fait vraiment grave chier. (NDLR Oui je suis une pute radine et amorale)

Et si vous voulez VRAIMENT aller jusqu'au bout de l'idée, vous pouvez télécharger des papiers cadeaux opportuns ici - Par Golem13

Et si vous voulez VRAIMENT aller jusqu’au bout de l’idée, vous pouvez télécharger des papiers cadeaux opportuns ici – Par Golem13

Le cadeau plus original tu meurs. Ooooooh merci Jean-Jacques, le DVD de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu! Tu as passé du temps sur la page d’accueil d’amazon dis-moi, petit canaillou! Enfin, en tout cas je ne l’ai pas, c’est toujours ça de pris. Par contre, je ne pense pas pouvoir le revendre sur le bon coin, c’est un peu mainstream quand même, Jean-Jacques, encore un petit effort!

Le cadeau totalement à côté de la plaque. Le dernier bouquin de Zemmour, voilà voilà voilà, merciiiii. Mais l’ennui c’est que tu sens que le gars a vraiment fait un énorme effort de concentration pour te le choisir (« J’ai remarqué que tu t’intéressais beaucoup à la politique« ). Sauf que là vraiment, non, il n’a rien compris. Bon sang, mais quelle est l’image que tu donnes en société? Tu appelles direct ton psy pour un rendez-vous en urgence.

Le cadeau DIY. Oui je crains que la propension à fabriquer d’ignobles lampes à papier mâché ne soit plus l’apanage des enfants de maternelle, mais que cette tendance soit devenue bobo à mort. Attention les yeux. Tu vas te retrouver gâtée comme pour la fête des Mères, sauf que t’en as pas. D’enfant. Tu as des amis. Branchés. Et un collier en nouilles. Je préconise dans ce cas la technique de ma grand-mère, à qui on offrit un jour une croûte ignoble déparant sa collection de toiles: invitations dispensées au compte-goutte au couple donateur, et branle-bas de combat pour installer ladite croûte bien en vue sur le mur du salon le jour J. Technique dite du « musée des horreurs à géométrie variable ».

Munis de cette petite classification, il s’agit maintenant pour vous d’adapter vos cadeaux selon le principe de la riposte graduée. D’abord, anticiper qui va faire quel type de cadeau, et ensuite bam! surenchère. Ou alors faites comme moi et choisissez le cadeau de merde, qui couvre d’avance toute éventualité. Moins le cas d’un cadeau adapté et qui fait plaisir. Bon, là, vous êtes dans la bouse. Bonne chance.