Des inventions à la con qui bouleversent l’existence

Aujourd’hui, rendons hommage à la vie. Parce que la lonesome camionneuse aime la caresse du soleil sur son visage et merde à l’ignoble bouton de la taille du sous-continent indien qui lui pousse sur le front, que ses amis sont des gens tout à fait parfaits, que son sternum commence à s’ouvrir sous l’effet répété des coups de pilum de sa sœur Maîtresse Yogi la plus sage des femmes (et le sternum de l’une est moins solide que le pilum de l’autre) (qui comprend la citation a droit à un bon point) (après 10 bons points, une IMAGE) de sa méditation intense sur son moi intérieur et la fugacité de la vie, et en outre que sa déco d’intérieur commence à ressembler à quelque chose car quand les meubles scandinaves passent la laideur trépasse. Que de sujets d’égoïste réjouissance !

A peine si la manœuvre du fourbe Didier M. trouble l’onde pure de sa bonne humeur. Ce brave garçon, sans doute frustré de ressembler plus à Charles Montgomery Burns qu’à Brad Pitt, prétend ne pas faire de politique (c’est bien normal, il est président de la Cour des Contes, et devrait se contenter de nous proposer une nouvelle version de Peau d’Âne, celle de Jacques Demy commence à se démoder sur les bords), et nous explique, tout impavidité, tout sérieux, tout INDEPENDANCE (mouahaha), qu’il faut « freiner davantage » la dépense publique. Ceci n’étant ABSOLUMENT PAS un positionnement politique. Nan mais c’est vrai quoi, tous ces chiens de profs, de médecins, de flics, de soldats inutiles, à la décharge, au gibet, à Montfaucon ! La lonesome camionneuse dit, comme le faisaient nos bienheureux pères de la Convention en leur temps : TAXE SUR LES RICHES ! Taxe sur les gourmettes, taxe sur les brushings quotidiens, taxe sur les Porsche, taxe sur les télés géantes, taxe sur le personnel de maison, taxe sur les traiteurs de la Madeleine, taxe sur le caviar, taxe sur les lavallières, taxe sur les chapeaux de plus de 30 cm de diamètre à voilette… Y a du potentiel (mais quand même, pas de taxe sur les sacs  ou les vestes Chanel) (ni sur les chaussures, parce que c’est des chaussures).

AAAAAH. Une petite parenthèse populiste mais néanmoins sincère (oui parce que si t’es pour le déficit t’es populiste), et nous voici repartis pour un hommage, un hommage avec des larmes dans les yeux, à ces inventeurs méconnus qui changent notre vie pour la paver de pétales de rose et de benjoin. Je ne parle pas de voiture ou de machine à laver, trompeuses idoles qui ne servent qu’à prendre de la place dans nos maisons, croire que la femme est libérée (mouahaha) (on en reparle quand on aura salaire égal, donc), nous font rêver de pavillons, engraissent à foison l’industrie de la construction et encouragent indûment l’artificialisation des sols de notre beau pays de nature préservée vive le plateau du Larzac.

Non. Je parle de ces inventions obscures et mal aimées, de ces petites mains qui se sacrifient pour le bien-être des peuples sans rechercher la gloire, de ces êtres salvateurs, de ces Père Joseph, de ces John MacClane, de ces Jean Valjean, de ces James Bond enfin, que l’Histoire renie quand ils lui ont tant consacré. Parents pauvres de la mémoire éternelle, et pourtant héros de notre destinée à tous. Que serait la France sans le Père Joseph ? New York sans John McClane ? Cette connasse ingrate de Cosette et en plus elle chante sans arrêt mais faites-la taire sans Jean Valjean ? Que seraient nos derrières sans le rouleau de PQ ? C’est à vous, créateurs géniaux et méconnus, fournisseurs de bien-être réel (pas de cette illusion de confort que crée la voiture) (l’Orient Express, c’est quand même vachement mieux) (et puis dedans il y a James Bond (toujours lui !), Hercule Poirot et Audrey Tautou tellement énervante que t’as envie de lui mettre un pain) (mais bon c’est la pub Chanel n°5 alors RESPECT) (ça pue mais c’est n°5), que la lonesome camionneuse rend hommage.

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92 inventions inutiles et indispensables, Andy Riley

INVENTION DE LA MORT QUI TUE N°1 : le sac-poubelle à poignées intégrées.

AVANT, tu extirpais le sac poubelle à l’outre gonflée de putrides déchets à la force de tes petits bras musclés. Comme de bien entendu, tu l’avais chargé jusqu’à la gueule parce que c’est quand même le truc le plus chiant de la terre de descendre les poubelles sans compter que c’est le moment que choisit TOUJOURS Madame Michu, ta voisine et présidente du syndic, pour sortir dans l’escalier et te glisser qu’il y a « beaucoup d’allées et venues chez vous ces derniers temps, mais bon je comprends vous êtes jeune » (oui Mme Michu, vu la gueule de grand balai sinistre de votre mari vous n’avez pas dû prendre votre pied bien souvent, mais ce n’est pas ma faute) (vous me le faites bien payer avec vos hurlements de putois frustré) (en outre, notez que dans ma grande magnanimité je ne balance pas tous les cadavres de bouteille de ma vie de débauche DE NUIT dans le conteneur de verre, parce que je pourrais le faire, sachez-le, JE POURRAIS !). Pendant ce temps, le sac que tu avais mis trois plombes à fermer avec les pauvres liens en plastique rouge qui étaient accrochés en dessous du coup tu avais fait un bon gros trou dans le fond du sac au bord du craquage parce que tu avais dû appuyer à fond sur tes vieux pots de yaourt moisis pour pouvoir faire un nœud autour du col de la bête, le sac, dis-je, se mettait à goutter un ignoble liquide plus putride que du sang d’orque. Si c’était sur tes ballerines rose poudré, t’étais VRAIMENT de très bonne humeur.

MAINTENANT, tu tires sur les bords du sac, les poignées magiques sortent, tu ficelles le tout d’une main sûre, et zou, à la décharge ! Divine tranquillité d’esprit, plus de problème avec les déchets, vive le plastique !

INVENTION DE LA MORT QUI TUE N°2 : le rouleau de PQ.

L’évidence de la pertinence de cette invention n’a pas à être démontrée. Elle va de pair d’ailleurs avec les rouleaux de papier absorbant. C’est un peu comme un parchemin de la Torah dont les mystères se dérouleraient au fur et à mesure que tes viscères se vident. Une image du sublime mystère de la vie.

La subtilité supplémentaire du rouleau de feuilles prédécoupées est absolument du génie. Plus besoin d’un mètre-ruban pour estimer sa consommation après avoir pesé le fruit de ses entrailles sur une balance. Tout devient simple, évident, cotonneux, et molletonné. Un derrière satisfait et le monde te sourit.

INVENTION DE LA MORT QUI TUE N°3 : le pommeau de douche amovible.

Déjà, à de nombreuses reprises, la Lonesome Camionneuse a exprimé son étonnement et son dédain devant l’insensibilité des Américains devant cette invention grandiose. Non seulement le pommeau te permet de nettoyer ta baignoire et ton bac de douche en dirigeant le jet de rinçage à ta convenance, mais en outre il te permet de t’asperger d’eau chaude avec aisance toute partie du corps qu’il te siéra de présenter à la caresse du jet (honni soit qui mal y pense). Par exemple, c’est super agréable de se mettre plein d’eau sur le visage et de faire des gargarismes humides qui rappellent plus un chat qu’on égorge que la Water music de Haendel. Ici, la Princesse des Elégances et Arbitre de la Beauté, sise sœur de la Lonesome Camionneuse (l’autre) (elle sait ce que Yves Saint-Laurent veut dire), objecterait non sans raison que l’eau parisienne étant calcaire, il ne faut pas nettoyer son visage à l’eau qui finira par te parcheminer la gueule à coup sûr (ne t’étonne pas que tu aies un énorme spot sur le front), et ça n’est pas bon pour ton potentiel féminin qui tient grandement dans ton visage d’ange (car oui, sous le sombrero géant de la Lonesome Camionneuse se cache un visage de Madone) (bientôt parcheminé comme celui de Jean d’Ormesson, étant donné qu’elle adore s’arroser la face) (D’EAU, bien sûr, honni soit qui mal y pense) (vous n’êtes pas possibles, vraiment).

INVENTION DE LA MORT QUI TUE N°4 : le bouchon dans la brique de lait.

Eh oui, aux premiers temps de la laiterie, quand Pasteur était encore un jeune biologiste folâtre et que la petite Lonesome Camionneuse aimait bien se faire une stache lactée en pillant subrepticement des verres de jus de vache dans le frigo. Hélas, à l’époque le lait frais se trouvait conditionné dans des briques non refermables, ce qui faisait que le lait était vite tourné, et les estomacs concernés menacés de divers maux peu agréables et peu savoureux. Et puis ça coulait partout.

Depuis, un bienfaiteur de l’humanité a découvert qu’on pouvait y adjoindre un bouchon à vis, ce qui permet de verser dans la dignité ET de conserver un peu mieux ce produit aux sensations pures (cette magnifique pub fait plutôt penser à des sensations légèrement impures mais ne soyons pas dans le jugement) (honni soit qui mal y pense). A ce propos, un sondage de grande ampleur sur internet (17 votants) (vivent les forums), nous en dit long :

Que pensez-vous des briques de lait sans bouchon?
–       Nickel, jamais eu de souci avec : 11,76%
–       Pas mal de défauts quand même! Vivent les bouchons! : 0% (LC n’a pas bien compris ce point, mais passons outre)
–       Quelle horreur! Il faut boycotter : 47,06%
–       On s’en fout ROYALEMENT! Tant qu’il y a du lait… : 41,18%

 Le peuple a tranché.

INVENTION DE LA MORT QUI TUE N°5 : la bouillotte.

Ce point a été récemment abordé ici. Une minute de silence, de recueillement et d’approbation émue.

Inventeur cedille

Reconnaissez-le, ce n’est pas Didier M. et ses amis qui en feraient autant pour notre confort et tranquillité d’esprit ! En tant que citoyenne responsable et versée dans les choses de l’urbanisme, la Lonesome Camionneuse propose donc solennellement l’érection d’un monument à ces inventions humbles mais extraordinaires : une colonne de rouleaux de PQ empilés au centre de la place Vendôme. Qui sera bien entendu confiée au grand Juan Romano Chucalescu, destructureur d’intemporalité, modeleur de vide. Heureusement qu’on a encore des artistes.