Des hommes mariés

Paris, 53% de femmes, 51% de célibataires, moi. Déjà que les statistiques sont contre moi, qui ne suis finalement qu’un frêle fétu de paille dans ce vaste monde cruel et néo-libéral, où la concurrence pour les mecs est plus féroce que la lutte pour une patate dans un camp de concentration (point Godwin gênant dont je suis, hélas, spécialiste). C’est la lutte finale, de toute façon y a un truc qui va pas chez toi : tu veux des gosses ? t’es beaucoup trop pressée et exigeante ; t’en veux pas ? ah mais non moi j’en veux, mais pas tout de suite, mais non quand même de toute façon, tu parles trop, tu parles pas assez.

Bref, on pagaye à vue, il ne suffit plus de montrer ses seins pour scorer – on m’a même informée récemment que c’était pas un bon move de montrer ses seins parce que ça veut dire que potentiellement tu peux montrer tes seins à tous les mecs et que comme les mecs c’est hyper insécure faut pas susciter leur jalousie potentielle. Mais qu’en même temps c’est quand même bien de montrer tes seins, mais subtilement (et suis-je subtile ? un faisceau convergent d’indices m’incite à penser que non). Je vous explique même pas à combien de bandes est le billard quand tu essaies de comprendre ce qui se passe dans la tête des mecs.

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Ce constat de lose n’étant pas nouveau (dans mon cas pour le moins), j’ai pris le taureau par les cornes et j’ai décidé par commencer par ce qui était en mon pouvoir, telle la Reine des Neiges libérée délivrée. Donc, en gros, j’ai d’abord arrêté de sortir avec des connards. Genre les mecs qui t’expliquent qu’ils t’aiment parce que tu es bien foutue, ou que tu as un grave problème d’ego (et pas eux bien sûr), ou qui t’expliquent que leur vie idéale c’est dans deux appartements séparés. Ça a pris un certain temps parce que j’aimais vraiment bien les connards ; il n’échappera à personne que le masochisme est un lit dans lequel on se vautre facilement. En outre, on ne va pas se mentir, je ne suis pas NON PLUS un cadeau. Enfin disons qu’il faut me supporter, mais que je fais de très bonnes tartes au citron. Merci bisous.

Ensuite, j’ai eu une bonne phase losers (là tout de suite je sens que je mets mes ex en panique : « mais qui suis-je, un connard ou un loser ? » – ou plutôt « quoi cette connasse hystérique ose me traiter de loser ? » ; rassurez-vous, ce blog est totalement fictionnel je vous rappelle merci bisou ; de toute façon aucun de mes ex ne veut rester mon pote on se demande bien pourquoi, sauf deux courageux qui habitent à plus de 5000 kilomètres), mais on se lasse rapidement du loser (notamment au niveau du porte-monnaie), surtout quand on est deux ça fait trop de lose au m2. Soyons lucides.

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Riche de ces expériences, on commence enfin à rencontrer des hommes normaux (on ne demande pas la lune), et là, un constat s’impose : MAIS WTF ILS SONT TOUS MAQUÉS. Et attention, hein, la plupart n’annoncent pas la couleur (et c’est bien tout le problème). Tout à coup on a l’impression d’être entouré d’une bande de Jésuites de la plus belle eau pratiquant la mentalis restrictio à fond les ballons ou tout simplement le mensonge par omission d’ailleurs : de toute façon c’est ta faute si t’avais pas compris, t’as pas demandé. Alors ça c’est fort, attendu que ma position morale en la matière est irréfragable et que personnellement je mentionne mon mec dans la première demi-heure de drague s’il y a lieu. En même temps, ok, j’en ai pas, POUR LE MOMENT.

Or donc, j’en ai conféré avec d’autres membres de la confrérie masquée des meufs célib (tout le monde sait qu’on a des signes secrets et qu’on contrôle le monde telles des féminazies pleines de fiel), et paraît-il que c’est courant. Y a même des techniques. La technique la plus fréquente est de feindre l’étonnement vers le quatrième rendez-vous (« ah mais oui, Félicie, MA FEMME » « euh… quoi ???? » « non mais si, bien sûr, ma femme » « ah non, en fait, non » « ah bon je ne t’en ai pas parlé ? » – air innovent passablement faux – « EN FAIT NON ») quand tu commences à être bien ferrée (damned). On en a vu porter leur alliance à la main droite ; j’attends avec impatience le mec qui m’expliquera que si si dans sa famille c’est la coutume de la porter au doigt de pied. Passons sur les pauvres attardés qui te draguent en te faisant du pied sous la table devant leur meuf, c’est so 1830 so Balzac so no way.

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La paranoïa guette.

Autre cas de figure instructif, l’homme qui se fait rappeler à l’ordre par ses potes « dis-donc tu devrais peut-être parler à ta nouvelle copine de Murièle, ben oui tu sais, Murièle ta femme » (j’ai rien contre les femmes des autres dans l’ensemble, sauf une jalousie subconsciente bien compréhensible eu égard à mon enfance bourgeoise, on me pardonnera donc de les affubler imaginairement de prénoms vieux et de colliers de perles). C’est juste un peu fatigant quoi, déjà que tu as bien vérifié que le gars n’est pas psychopathe, lourdement névrosé, réalisateur de films d’avant-garde (un bon style de loser, souvent), désespérément pas fun, on n’a pas non plus un radar multi-agents franchement, un peu de pitié quoi, un peu de douceur dans ce monde de brute.

Ou alors il faudrait que je développe ma technique de démariage, plus d’un mariage sur deux à Paris se finit par un divorce, y a de la brèche dans le gaz de schiste. Mais franchement je n’ai pas la patience ; et puis le ciel étoilé au-dessus de moi, la loi morale en moi, tout ça. Encore que, non, en fait c’est juste que j’ai la flemme.

On n’est toujours pas rendus.

Des trentenaires sans enfants

Pardonnez ma dissipation, il est vrai que j’écris plus rarement sur ce blogue ces derniers temps mais, outre que j’ai du travail (ce qui est tout de même assez contrariant), j’ai mis un certain temps à me remettre de l’annonce que Sophie Marceau sort avec Cyril Lignac. Y a plus de respect.

Vous serez étonnés, je vais disserter des problèmes logistiques rencontrés par les femmes célibataires ayant dépassé la trentaine ; un sujet que j’aborde rarement, tant je suis le modèle de la mère de famille idéale vivant dans un pavillon périurbain avec deux gosses et une femme de ménage, mais il faut écrire pour tout le monde ne voyez donc pas la moindre critique dans mes paroles ces femmes ne sont sans doute pas anormales au fond, m’enfin un peu quand même.

En effet, lors d’une soirée où j’avais appris que Jeanine avait accouché du troisième et Germaine de jumeaux (car j’ai l’œil affûté, je fais des sciences sociales), alors que je commentais que franchement dans mon entourage il y avait beaucoup d’enfants (dont un certain nombre au prénom ridicule, mais ça c’est pas trop mon problème, keep up Jézabel) surtout que mon ex vient d’en pondre un, merci la life (je vous passe les détails de cette horrible sensation connue sous le nom de « j’ai raté ma vie j’aurais dû rester avec Gérard qui certes me trouvait trop grosse mais aurait fini par m’engrosser » (brillant jeu de mot)), la meuf à côté de moi me dit « Ah ben oui c’est sûr, à notre âge il vaut mieux s’y mettre si on veut en avoir ». Connasse. Moche en plus. Il est à toi le  gamin obèse là-bas? Ah d’accord. Il a pas l’air bien dégourdi, pauvre gosse. Tu crois peut-être que je fais exprès de ne pas rencontrer le père de mes enfants et de me fourvoyer à tomber amoureuse d’hommes qui ne me rendent pas la pareille ? Alors oui peut-être, à un niveau psychanalytique profond, certes ; enfin moi je ne te fais pas remarquer l’injustice du fait que tu es maquée alors que moi macache. Vu que tu as l’air d’une personne assez délicieusement sensible aux sentiments d’autrui. On dirait que parce que t’es célib sans gamins tu menaces la paix mondiale. Et (fait certes rare) je n’étais même pas en train de me plaindre! Je veux dire sans déconner, on peut pas nous foutre la paix cinq minutes merde?

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#PiègeMortel

Mon ex a eu un enfant, mon amant a deux enfants, mon petit frère a un enfant, vous allez voir que bientôt mon cousin, qui ne veut pas d’enfants, va avoir un enfant (ou pas, cousin je compte sur toi, ne me laisse pas occuper seule le trône de l’héritière indigne incapable de pondre pour perpétuer le nom et la race familiale, certes supérieure mais on fait comme on peut) (et au passage un merci à mon frère pour avoir perpétué l’espèce, ça a diminué la pression familiale).

Attention, je ne suis pas totalement une pute aigrie, je suis sincèrement contente pour toutes mes copines enceintes, je m’extasie sur la première dent du petit (enfin j’avoue maintenant je suis un peu blasée, sauf pour mon neveu qui est un génie bien entendu), j’offre des cadeaux de naissance comme il faut, je veux bien gardienner à l’occase, je fais des bisous, toussa toussa, mais merde un peu de respect pour ma situation aussi les gars. Et encore j’ai de la chance, mes copines ne sont pas du genre à me raconter leur épisiotomie ni à s’extasier sur la consistance du bavoir du petit Valère. Mais tout de même, tous ces bébés mignons, ça érode l’estime de soi quand on en voudrait soi-même. Et je ne parle même pas des femmes qui ne veulent pas d’enfants. Des suspectes, des salopes égoïstes, elles disent ça maintenant mais elles changeront d’avis un jour (euh… et si on la laissait décider, et puis moi je peux comprendre, faire des gosses dans le monde d’aujourd’hui hein… enfin moi jdcjdr).

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Bref, les meufs sans mioches dans ma génération ça commence à devenir suspect, à sentir le roussi, la névrose et la louse, surtout quand t’as pas de mec (auquel cas tu peux toujours te défausser d’un habile « mon copain ne veut pas » accompagné d’un regard triste) (j’avoue ça doit être chaud à gérer si c’est vrai, vu que si tu le quittes tu te trouves dans la situation décrite dans ce post et là c’est chaud bonbon, mais bon, je ne vais pas non plus plaindre les gens en couple, faudrait pas trop pousser Mémé dans les orties). En conséquence, confrontée à toi (la célib infertile) en soirée, la gent masculine propose deux interprétations de la situation : 1. c’est une chaude du cul instable, faut que je me positionne pour me la faire (et après quand tu dis non on te prend pour une anormale) (mais pour qui tu te prends tu parles de cul en soirée et après tu veux pas baiser) ou 2. elle est prête à tout pour se caser et faire un gosse, je la saute et je me barre direct (quelques habiles questions/remarques permettront éventuellement de la déminer, genre « ça fait longtemps que tu es célibataire ? » ou « moi je ne cherche rien de sérieux », merci mec ça me touche, au moins les choses sont claires).

Ces situations peuvent d’ailleurs déclencher des crises d’angoisse chez le sujet concernée (oui, car c’est une femme), qui se traduiront par diverses manifestations comme boire beaucoup, puis glousser en disant « je suis bourrée », parler beaucoup puis glousser en disant « je suis bourrée », ou partir en urgence à la recherche d’un bocal de cornichons (une vraie passion qui me redonne la joie en toute circonstance) (avantage : après ton haleine de chacal te préserve de tout désir masculin mal venu), car toutes les occurrences où tu dis « je suis bourrée » sont interprétées en face comme « la voie est libre », bien entendu. Si j’avais l’esprit simpliste et que je méprisais les hommes (ce qui n’est pas mon cas of course), je dirais que ne pas avoir d’enfants et faire montre d’un certain épanouissement sexuel t’assimile direct l’étiquette « grosse teupu » (une étiquette qui t’est d’ailleurs accolée sous de nombreux prétextes, notons-le tout de même). Plaisir de l’égalité des sexes, parce que je sais pas pourquoi mais je sens vaguement que c’est pas pareil pour les mecs.

Voilà, hein, je ne me plains pas mais quand même, WTF. Merci bisous lol.