Des démarcheurs téléphoniques

D’abord je me suis dit que j’allais parler de plans à trois (un sujet fondamental pour régler les problèmes du monde actuel), mais sur ces entrefaites Boubou Téléphones m’a appelée et mon devoir de citoyenne s’est éveillé dans mon cœur temporairement asséché par de basses considérations sexuelles. Car enfin, avons-nous fait la Révolution (enfin « nous », des mecs il y a longtemps quoi), avons-nous souffert la barbarie nazie (enfin, c’est plus compliqué que ça, mais CERTAINS ont souffert la barbarie nazie), avons-nous suivi les cours de philosophie du Père Fouras, pour que notre vie soit encombrée de telles basses considérations ? Ne peut-on pas nous laisser tranquillement méditer sur la coupe d’un pantalon ou le sens d’un imprimé pour participer pleinement à la vie de la Cité ? Jusques à quand enfin, démarchage téléphonique, abuseras-tu de notre patience ? Il était question d’améliorer mon abonnement et la qualité de la desserte de la fibre optico-tridimensionnelle via des sauts qualitatifs de mégabites (non, je m’égare) pour une modeste obole de neuf euros quatre-vingt-dix-neuf par mois (ce qui fait tout de même cent dix-neuf balles quatre-vingt-huit par ans, le prix d’une bonne paire de chaussures en soldes JDCJDR chacun ses priorités dans la vie, d’aucuns pourraient même utiliser cette somme pour acquérir des plantes, des baskets ou ce genre de trucs – cultiver des végétaux ou faire du sport, quelle drôle d’idée). OKAYE. Moi j’étais en train de dormir. Déjà.

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Ceci étant dit, je suis plutôt une brave fille, je comprends que les gens doivent faire leur boulot – et ça doit être super relou de passer des coups de fil 8 heures par jour, même moi qui aime parler (enfin pas tant que ça, en fait je serais plutôt Lao Tseu comme mec mais les gens ne me comprennent pas, c’est pas faute d’essayer de leur faire comprendre non plus) ; néanmoins, est-ce une bonne idée d’appeler les gens un samedi à dix heures du matin ? Est-ce une heure DÉCENTE ? Dans quel monde ? Pas celui de Oui-Oui. Et d’abord qui travaille le samedi dès potron-minet de bon matin dès l’aube à l’heure où blanchit la campagne tôt, trop tôt, péniblement tôt, à part les urgentistes, les pompiers, mes parents et les fous ? Il appert que travaillent aussi, à cette heure, les téléconseillers marocains (qui, bizarrement, semblent appeler de Flaujagues, France) (mais ne soyons pas paranoïaques).

Personnellement je n’ai rien contre les appels téléphoniques, ni les téléconseillers marocains d’autant que j’ai souvent le sentiment de n’avoir pas d’amis (les gens sont ingrats, on dirait qu’ils renâclent à l’idée d’un bon débat sur le CETA, la démocratie directe ou la vie amoureuse de Shakira) : quand le téléphone sonne j’ai donc un sentiment d’importance certain (ce qui, n’en doutons pas, est sans doute le postulat du patron du démarcheur téléphonique, même s’il vise sans doute plutôt les personnes âgées désocialisées pour les entuber) et je suis crédule comme une pendule, prête à signer des deux mains le moindre contrat (pour me prémunir de ce problème qui consistait à dire oui à toutes les assocs qui aident le monde en payant des étudiants 50 centimes de l’heure pour traîner dans les quartiers passants et te faire culpabiliser à fond les ballons, j’ai adopté une double tactique : le gros casque sur les oreilles – tiens, tu pourras dépenser tes cent dix-neuf balles de la sorte – et, en cas d’attaque nucléaire « Amnesty défend les pauvres enfants noirs atteints de famine et du SIDA » la réponse la plus efficace : je suis déjà membre de l’association – de rien, il faut parfois proférer des mensonges pour s’en sortir dans la vie ; croyez-en une vieille routière, j’ai déjà tenté d’entrer dans la discussion pour expliquer que 1. ce n’est pas aux simples quidams de régler les problèmes du monde, c’est pour ça qu’on a un État et moi j’ai jamais voté pour bombarder la Syrie et le Mali merci bien 2. à la limite c’était aux riches de donner et qu’ils avaient qu’à se tirer emmerder les passants à Neuilly, mais peine perdue : les jeunes sont obtus, de nos jours ; et encore, je n’avais même pas abordé le sujet de Shakira). Cependant, soyons lucides : pourquoi Boubou Téléphones m’appelait-il pour m’expliquer, dans un français approximatif (je n’ai rien contre les gens qui apprennent notre beau langage mais parler de débit de mégabits quand tu parles pas la langue c’est un peu chaud du gland, surtout quand tu ne reprends jamais ton souffle pour ne pas laisser le pigeon en face en placer une), qu’il fallait que j’adhère à la fibre transoptique de déviation différentielle via une box (boîte, ce mot ringard) ultra design qui allait occuper la moitié de mon salon tout en irrigant mon cerveau déjà mal en point d’ondes néfastes, alors que j’avais DÉJÀ (dans ma crédulité absolue) accepté de souscrire à cette « offre exceptionnelle » cet été, mais qu’il s’était révélé, APRÈS que Boubou m’ait envoyé ladite box, que mon immeuble n’est PAS raccordé à la fibre directionnelle de la luminosité transcendantale ?

Bref, pour une fois, j’ai dit non. Ma vie est un roman de résistance.

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I’m back (a.k.a kikoo les aminches)

O gué les aminches, la vérité vous m’avez manqué. J’avoue. Les plus fidèles d’entre vous auront constaté en effet qu’un laps, un gap, un gouffre sans fond s’est creusé sous vos pieds depuis la publication de mon dernier post. Je sais même pas quand. La profondeur du truc, ça me tue. Genre trois mois au moins. Je suis vraiment une chienne infidèle. Hélas, hélas, l’absentéisme est bien le fléau de nos sociétés modernes.

Ce béant intervalle s’explique nonobstant par divers impondérables, du type vacances et rentrée, tentative d’écriture d’un roman (on y est presque) (et même y a vachement de scènes de cul trash dedans mais ça ne suffit pas encore pour convaincre les éditeurs) (nan en fait c’est une histoire d’amour, la lose tmtc que c’est pas ça qui fait vendre, je me suis endormie toutes les 3 minutes en regardant 50 Shades of Grey (oui j’ai regardé 50 Shades of Grey au prétexte fallacieux qu’il faut se tenir au courant des évolutions de la culture populaire, en vrai parce que j’espérais voir quelques scènes bien hot pour pallier à ma longue dèche sexuelle : eh ben tintin ! que c’est mauvais ! que c’est long ! que ça n’a aucun intérêt ! on a l’impression que Sade était un jeune kéké qui batifolait en tapotant les meufs avec des plumes. Ouais des plumes: Oui-Oui se met des plumes, voilà comment on pourrait résumer ce mémorable ouvrage ; vlà le fantasme, même pas ils ont essayé avec genre un pompon, pour changer ; sans oublier le côté « peu importe finalement ce qui se passe dans la tête des protagonistes, comme ils sont beaux et riches (enfin, lui), on comprend tout naturellement qu’ils finissent ensemble au pieu et tombent amoureux car chacun sait que l’amour n’a rien à voir avec un échange autre que de plumes »), bref cet ouvrage insipide est pourtant un best-seller : inutile de dire que j’ai vite compris que je finirai à compte d’auteur, oubliée entre d’autres œuvres négligeant l’aspect plumitif des relations sexuelles. Pour couronner le tout, un collègue à qui j’avais imprudemment filé l’adresse du blogue m’a expliqué que c’était vraiment de la daube ce que je fais et que c’est pas bien de parler de cul et qu’il allait tout balancer à toute la boîte ; bon c’est plaisir vu que je viens d’y arriver, dans la boîte, et que comme de bien entendu ses messages étaient gentiment anonymes, donc j’ai un peu flippé vous comprendrez.

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Je marche nonobstant la tête haute

Bref, j’ai fait de l’introspection (et aussi un peu de tourisme sous le soleil de Saint Tropez, bleu marine et blue, ébloui pareil – que la personne qui a jamais compris les paroles de l’hymne d’ouverture de Sous le soleil parle maintenant ou se taise à jamais, merci bisous), et je me suis demandée comment tout de même, bon sang de bois et nom d’une petite queue (de cerise), il m’avait fallu une bonne trentaine d’années (saloperie, on n’est plus tout jeunes) pour me rendre compte que ce que je voulais dans la vie c’était être heureuse, et non pas (dans le désordre) : célèbre, riche, mariée avec des enfants, puissante.

Bon, par contre, j’aime les fringues, ça je garde. Mais sans dec, comment peut-on passer autant de temps à se préoccuper du prochain iphone au lieu de chercher enfin ce que nous sommes en profitant de nos conditions sybaritiques d’existence ? Les choses ont gagné dirait Jean-Jacques Goldmann. Qu’est-ce qui a merdé dans notre civilisation qui fait qu’au lieu d’en faire profiter les autres on en a fait des esclaves, des colonisés, des racisés ? Que les femmes ont encore l’impression d’être des moins que rien ou des putes à la petite semaine ? Que l’amitié (dont la bouche de chacun regorge pourtant) semble dans les faits un principe aussi mou que Paul le Poulpe et que vos amis vous plantent allègrement quelque saloperie dans le cœur sans même s’en rendre compte ? Marc-Aurèle a bien chié dans la colle, c’est moi qui vous le dis. Chacun pour son iphone.

Et en plus, la mé-mérde, c’est grave du boulot d’être heureux. Putasserie de l’existence.

Donc voilà, en fait j’étais occupée à poser les questions qui dérangent: Pourquoi déprimons-nous?, Stéphane Bern m’a tout de suite proposé une émission en prime time sur D8.

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Car oui, la vie n’est que joie

En même temps j’ai une petite intuition que mes playlists « Absolute melancholia » constituées exclusivement de Barbara, Leonard Cohen, James Blunt, le Requiem de Mozart et Nirvana pourraient pousser même un crapaud au suicide. Le PSG perd tous ses matchs, on se demande à quoi sert l’argent sanglant du pétrole si c’est pour finir aux tréfonds du classement de la Ligue 1.  J’y peux rien, c’est ma phase ; j’attends avec impatience de pouvoir retrouver l’immense playlist « Pouffissima Absoluta » issue du concept de Shakira et qu’on me demande jusqu’en Pologne (mais finalement qu’y a-t-il en Pologne ? on se pose la question). Ah tiens, Mike Brant ! Bon sang j’ai un tel respect pour mes appétences musicales, on dirait un accouplement entre Dédé le Garagiste et Séléné la chargée de prod (j’ai jamais trop rien su de ce qu’était un chargé de prod, mais ça a l’air branché) Qui saura qui saura qui sauraaaaaaaaaa.

Oui, qui saura?

Bref, reminder pour la life : arrêter de bosser le samedi soir, c’est pas bon pour le moral.

Keep posted les aminches, I’m back, donc. Love ya.