Eh bien oui, la lonesome camionneuse est à la plage. Oui, elle sombre dans le tourisme de masse le plus éhonté, et elle vous souhaite bien le bonjour. Elle fait aimablement remarquer à tous les Parisiens que partir après le 15 août, c’est quand même plutôt intelligent, vu que tous les gogols de service, vous savez les troupeaux de Néerlandais rouges comme des écrevisses, s’entassent avec joie entre le 1er et le 15 août. Après moi j’dis ça j’dis rien, on n’a pas toujours le choix dans la date (mouahahaha, gros rire gras de la contrepèterie du siècle).
Néanmoins en général, on va à la plage QUAND IL FAIT CHAUD. On n’est pas des débiles mentaux quand même, le but c’est de se rafraîchir quand, comme l’écrit le grand Honoré (Balzac, of course, petits incultes), il fait une chaleur « à faire éclore les œufs »*. Vent + mer = nique la canicule. Carte postale de l’été, quoi.
Plage : accumulation sur le bord de mer de sable, de galets ou de blocs (si je me souviens bien de mes définitions de quand je passais des concours de la géographie) (science sublime). En soi, rien de bien passionnant. On peut y trouver une baie, une crique, des dunes (barkhanes ou caoudeyres) (ha ha, vous êtes plus paumés tout de suite, HEIN !) (c’est le nom j’me la pète des dunes en croissant ou en gros tas tout simplement), des pins parasols, des oyats, des bouées, des sauveteurs et des sauveteuses à gros seins en maillot de bain orange (David Hasselhof tu nous manques tellement), des cailloux, des poissons, des algues, des pétroliers ou des voiliers, des oursins, des lys de mer, des yachts ou des jet-skis (au fait, les gens en jet-ski : je vous crache à la gueule. Pour l’éternité. Cochon qui s’en dédit), des coraux, des palmiers, des vagues, des parasols…
Mais sur toutes les plages dignes de ce nom, on trouve du sable, plein de sable (autant que les descendants d’Abraham, censément) (il faut dire que du coup le bougre trouve VITE ET BIEN le chemin vers les endroits les plus agréables de ton intimité) (que qui n’a jamais eu le cul plein de sable à la plage me fasse juste RIGOLER), et de l’eau salée, beaucoup d’eau salée (kiffe de boire la tasse, d’avoir la peau tirée et les cheveux comme du foin).
Il y a, bien évidemment et comme en toutes choses, un standing des différentes plages (société des inégalités bonsoir). De la plage nudiste du Grau-du-Roi aux plages privées de Ramatuelle, il y a un gap. Oui, la plage nudiste du Grau-du-Roi, mais l’avantage c’est qu’il y a moins de monde. D’abord. Oui, Saint Trop’ n’est pas le lieu de vacances de Jean-Luc M. (hasta la victoria, siempre !), mais c’est pas de ma faute si on m’y invite (L. je t’aime !!!!). Faut dire cependant que le bling-bling et la ségrégation sociale s’y épanouissent avec fureur (je vous raconterai ça plus en détail), et que la plage privée à 35€ l’entrée SANS accès direct sur la mer, c’est concept. On y trouve des objets de style exotique, tels que le jéroboam de champagne (au prix d’un rein de bébé), les trikinis dorés ou Rihanna en trikini doré qui s’arrose de champagne. C’est un genre.
La lonesome camionneuse se tient éloignée de ces lieux du vice, et se contente de fréquenter assidument la plage publique, en toute simplicité. Quelques points sont néanmoins importants en ce qui concerne la fréquentation plagière.
Il ne faut jamais, au grand jamais, oublier les objets indispensables, sans quoi la plage peut se transformer vite fait en un enfer hostile. D’abord, bien évidemment, le maillot de bain. Faut pas pousser mémé dans les orties, le nudisme c’est so fifties, pas de la hype, pas la peine de s’y attarder donc. Le choix du maillot peut être coton mais j’ai personnellement bénéficié des conseils avisés d’E. et L., mes deux copines les plus classes et les plus branchées. Je suis donc tranquillisée sur ce point. Classe et décontraction en toutes circonstances. Bien entendu, la serviette de plage peut rendre quelques services, à fins de bronzage intensif, lorsqu’on s’échoue lourdement sur le sable telle un éléphant de mer. Nonobstant, la serviette ne serait rien sans une rabane, cet indispensable rectangle de paille qui isole utilement du sable honni. J’aime ma rabane. Jamais sans ma rabane. Quand je sors ma rabane du placard, je sens que la plage est au bout du chemin, et tout d’un coup c’est l’été. Bien évidemment, on ne peut se rendre à la plage sans une paire de lunettes de soleil, dont le but premier est de protéger les yeux du soleil et de ses doux reflets sur la mer à rendre aveugle un aigle barbuzard, et le but second d’orner utilement le visage, dans un style à la fois classe et discret (perso je porte littéralement un masque intégral, j’adore les lunettes m’as-tu-vu et mes chaaaarmants yeux bleus ne supportent pas trop bien le contact direct avec l’astre du midi). Dans le même esprit de protection anti-feu, la crème solaire (indice 50 pour ma pomme, je ne m’appelle pas Grosse Pouffe à la mode Donatella Versace) (un joli hâle ça va, une peau orange bonjour les dégâts). Big up aux grands bronzeurs comme mon père, adepte du monoï et de la graisse à traire, qui a quand même réussi un jour dans sa vie à acheter un maillot de bain que tu bronzes au travers (mon père is my hero). Enfin, ne pas oublier l’hydratation : acqua acqua acqua le plus possible (l’eau salée n’a jamais nourri son homme). Oublie la plage sans douche, pour passer la journée couverte de sel qui tire la peau et réveille douloureusement tes boutons de moustique (seul et unique bémol de tes vacances 100% farniente du gros kif de la mort qui tue).
Les accessoires superflus, mais néanmoins fondamentaux, d’une pratique de la plage réussie, sont au nombre de trois (chiffre au pouvoir magique) (c’est du lourd). Primo, les compagnons de plage. Faudrait voir à ne pas te taper des gros boulets des vacances qui, par exemple, t’empêcheraient d’aller à la playa pour aller se taper tous les musées de la région (j’avoue, ça m’arrive d’être moi-même ce gros boulet) (mais après l’avantage c’est que t’es plus cultivée que Jean d’Ormesson). Enfin là je dis rien, cet été j’ai les compagnons de plage les plus adorables qu’on puisse imaginer, et en plus on peut discuter à la fois politiques fiscales et vernis à ongles, ce qui n’est pas donné à tout le monde (hu hu hu). Secundo, l’occupation intellectuelle. Quand tu as fait ta valise tu y as (comme tous les étés) glissé un tome de la Recherche (cette année Le côté de Guermantes) (j’adore mais je ne sais plus trop pourquoi, ça va faire 10 ans que je l’ai lu) (oui, je l’avoue sans honte, je regimbe sur Proust). Hélas, trois fois hélas, il est éminemment ardu de lire de la grande littérature au bord de la grande bleue. Visons plutôt magazines féminins (mon inconstance est immortelle) et mots fléchés (le mot croisé est trop malaisé, à dire le vrai) (y a pas, sur la plage le cerveau se rétracte rapidement à la taille d’un pois chiche). Tertio, l’accessibilité. La plage de rêve qu’on atteint après 30 minutes de marche sur la falaise au milieu des crottes de chèvres c’est vraiment sympa, mais non. Le challenge ultime est de trouver une plage vide à deux minutes de chez soi. Pour cela, mieux vaut être pote avec Bernard A. qu’avec Jean-Luc M., mais dans la vie faut savoir faire des choix.
Sur ce j’y retourne, ma rabane m’appelle.
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*Jeu concours spécial été : trouver de quel ouvrage cette citation est issue. Vous pourrez gagner une superbe foutah pour vos prochaines vacances (j’ai appris un nouveau mot !! Je vous en fais cadeau).
Tentative de réponse 1: Game of throne?
ps: sympa ta photo 2, mais je te fais la bataille dès que j’ai chargé mes photos à moi…
Games of throne absolument, dans les Scènes de la vie privée, une œuvre considérée comme mineure mais trop méconnue que Balzac aurait écrite sous champis.
Quant à la photo je n’ai aucun mérite, on m’a invité dans cet endroit idyllique et je me suis contentée de kiffer et de remercier le dieu des camionneuses…
C’est pas gentil de te moquer de moi, Martin a bien filé la métaphore… En tout cas profite bien!
Je ne me moque pas du tout, à vrai dire j’adore Game of throne autant que Balzac! Je suis rentrée hélas… Que de grisaille dans le ciel parisien.
De circonstances:
Merci! C’est vraiment triste la fin de l’été…