De la fête de la musique

On me demande un post sur la fête de la musique. Bien. (Oui j’ai une troupe de fans en délire qui campent devant ma porte pour m’apercevoir ne serait-ce qu’une seconde, et me supplient d’aborder des sujets de société essentiels. Keep it down, les gens, les voisins se plaignent). La chose n’est point aisée, car cette année j’ai fait la claustro de base, j’ai fermé mes persiennes, branché ma machine de bruit blanc qui fait disparaître toute cacophonie superfétatoire et j’ai dormi comme une masse. Oui je suis une rabat-joie. Franchement, comme si ces criailleries de bas étage méritaient que la lonesome camionneuse se mêle à elles. La lonesome camionneuse ne criaille ni ne braille ni ne beugle ni ne brait ni ne vocifère ni ne gueule. La lonesome camionneuse rugit dans le désert, comme son monter truck. Elle est un moteur vivant.

De toute façon, si c’est pour entendre encore une fois mes potes soupirer en se regardant en coin à l’énonciation de mes goûts musicaux (mais qu’est-ce que les gens ont contre Dalida, HEIN ?) moi je dis STOP. Je n’y peux rien, c’est la faute de ma jeunesse dissolue quand j’avais les cheveux au carré et des pulls à col roulé. On ne peut pas dire que la fête de la musique soit chienne de ce point de vue cependant, tous les styles sont les bienvenus. Liberté, égalité, fraternité du bruit. C’est ballot qu’on n’y arrive que pour ça, mais les humains sont facétieux. Faudrait pas trop que le peuple se préoccupe de politique.

Enfin. Comme je suis une blogueuse à l’éthique sans faille, je me suis vaguement renseignée sur la chose sur le site du ministère de la culture (c’est du sérieux et ça permet de faire des recherches depuis son pieu) : eh bien les enfants, le bon Jack Lang, dont l’aspect de la tignasse n’a d’égal que la violence du bronzage, quand il devint ministre de la culture bouillonnante en 1981, chargea son Directeur de la Musique et de la Danse, Maurice Fleuret, de pourfendre l’élitisme des flonflons (ouh, vous avez vu comme je file la métaphore de l’escrime !)(et comme je suis légère à le faire remarquer) selon ce beau slogan : « la musique partout et le concert nulle part ». Belle antithèse. Et tout cela déboucha sur l’idée de laisser tous les pékins de la planète produire des sons dans la rue le soir du début de l’été. Bel effort.

Cependant je m’excuse mais y a comme un hic dans cette devise originelle. Déjà moi je vois pas ce qu’il y a de mal dans le concept de concert, pour peu qu’on se bouge un peu le derche à y pratiquer des tarifs abordables (youhou l’opéra Bastille si tu m’entends !) et qu’on y emmène les petits zenfants des écoles. Tout le monde a le droit de kiffer Shakira et Jean-Sébastien. Ici, je demande un instant de silence pour la lonesome camionneuse qui jamais JAMAIS ne pourra assister à un concert de Dalida. L’existence est dure et sans pitié. Ensuite, bon sang mais y sont débiles ou quoi? Ce qui permet de résoudre l’équation de leur slogan à la con c’est quand même le balladeur (ipod pour les intimes) (vous vous souvenez des gros balladeurs-cassette avec casque à mousse?) (c’était le bon temps) (leur faudrait une bonne guerre, à ces jeunes!). Quoi de mieux en effet que d’imaginer ces rangs d’humains tous plongés dans leur propre musique sans emmerder le voisin grâce à leurs écouteurs. Le silence, l’individu, l’ordre. Voilà de quoi faire du bien à notre société pourrie. Oui, la lonesome camionneuse a des tendances asociales limite totalitaires. So what?

Bon, cela dit la musique c’est de la grosse boulasse quand même, comme dit Baudelaire. Ouais, il le dit mieux que moi. Dansons le candomblé au son des tambours.

La musique souvent me prend comme une mer !
      Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
      Je mets à la voile ;
 
La poitrine en avant et les poumons gonflés
      Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
      Que la nuit me voile ;
 
Je sens vibrer en moi toutes les passions
      D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
 
      Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autre fois, calme plat, grand miroir
      De mon désespoir !

4 réflexions sur “De la fête de la musique

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