De la pilosité masculine

Pourquoi ce sujet bien anodin, dont le pékin moyen devrait en tout bien tout honneur n’avoir rien à cirer, est-il devenu un enjeu dans la virilité et la séduction contemporaine ?

Moi qui n’ai aucun avis sur le poil, voilà que je me mets à rédiger des insanités en pagaille sur la question, c’est un peu fort ne trouvez-vous pas ? Oui, certes, j’écris de nombreuses insanités sur de nombreuses questions intéressantes. Mais ce n’est pas le sujet. Et puis d’abord je fais ce que je veux. Si vous n’êtes pas contents c’est le même prix ; je ne donne jamais le cul de la crémière. Et puis quoi encore ?

Bref. L’homme, le poil, la toison. Animalité insupportable, virilité d’un autre âge, ou naturalité joyeuse et luxuriance spontanée ? Faut-il préférer le glabre au barbu ? Le summum du kif pileux n’est-il pas le mâle conjuguant favoris et torse épilé ? Autant de questions ridicules dont je me bats la rate comme de l’âge du pape. Sauf que les favoris, je ne sais pas, c’est quand même une insulte à la vie (bisou à Marx, mais c’est NON). De même que la stache, ALLÔ quoi. Et pourtant, l’esprit sans cesse est sollicité par le poil. Comble de l’inutile réflexion, tout de même.

Mise en plis, mise en poils. Mais encore?

Mise en plis, mise en poils, et gros cigare. Ce monde est malade.

Situons le contexte : pour les besoins d’une enquête approfondie sur les mœurs sexuelles des jeunes célibs trentenaires de la lose, l’Emmerdeuse effectue une traversée sociologique sur Adopteunmec.

Or le site demande aux mâles, entre moult détails inintéressants, la quantité de leur pilosité. C’est donc bien que les femelles en rut s’intéressent à la chose. Pourquoi ? La question est étrange en effet. Ne peut-on pas, bon sang de bois, prendre un peu les gens comme ils sont ? Mais, me rétorquerez-vous, l’homme est un être de culture et non de culture. Je vous le concède. Paraît-il que l’épilation est un phénomène plurimillénaire : tenez-vous bien, les notables babyloniens s’épilaient soigneusement la barbe pour se coller un bouc postiche par dessus. On en perdrait son latin, si on l’avait un jour appris. Comme quoi que ça ferait penser à King-Kong, sans doute. En même temps l’avantage par rapport à une barbe c’est que toute la bouffe reste pas coincée dedans quand tu dînes. Bon. Cela étant.

Partisans du naturisme comme amis de la paix et du bien-être pourraient s’insurger de ces diktats malheureux qui nous imposent des souffrances sans nombre, et de la pertinence d’imposer aux hommes une torture aussi ridicule que l’arrachage de poils au lieu de proposer que les femmes cessent de s’y livrer. Certes certes. Mais j’avoue, ça me fait assez kiffer de penser qu’enfin les mâles vont COMPRENDRE dans leur chair. Pensez aussi à l’accouchement, tandis que l’esthéticienne vous arrachera les poils du torse. Et puis tout de même, ça doit éviter quelques résidus dentaires post-fellations – mais je m’arrête là, je suis une fille sensible et bien élevée, comme chacun sait.

C’est quand même bien dommage que j’en ai rien à foutre que mon mec (putatif donc) soit épilé ou non. Cela me navre, même. Enfin, trop bonne trop conne ma fille, comme dit la mère Raymonde.

Attention, certains subiront tout de même une discrimination. Soyez prévenus. Merci bisous lol.

Attention, certains subiront tout de même une discrimination. Soyez prévenus. Merci bisous lol.

Mais ce qui me perturbe – car je suis perturbée, j’espère que vous l’aurez senti, et c’est quand même fou d’être perturbée par une question pileuse, quand même ! ce qui me perturbe, donc, c’est l’absence totale de règles en la matière. D’un côté, les métrosexuels se dépilent consciencieusement, tels des Indiens d’Amérique de la jungle urbaine (mouahaha) (oui, fyi, les Indiens d’Amérique n’ont pas de barbe : enchantée de vous avoir appris un truc, ma mission civilisatrice est sans limite) ; d’un autre, nombreux sont les mâles de mon entourage à ouvrir largement leur chemise pour se dépoitrailler d’un geste (croient-ils) généreux. En dehors du fashion faux pas absolu de ce tic vestimentaire, qui détruit chez moi toute libido (je le reconnais, le poitrail offert ne m’inspire qu’une vague répulsion accompagnée d’un mépris mortel pour la suffisance du gars qui me balance son duvet à la gueule), ne voyez-vous pas à quel point tout cela est déconcertant ?

Je sens que cette enquête est bien mal partie. Encore un échec de l’esprit face au poil.

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