Du contenu des bols de céréales

Ah que de riantes perspectives: il fait froid comme l’hiver de 1788, vas-y que ton trench que t’avais enfin sorti du placard te fait penser à un bout de tissu plus fin que le cache-sexe de Gandhi, ton équipe est championne de France mais tout le monde se fout de ta gueule parce que les supporters sont une bande de « casseurs » (oui, et les syndicalistes aussi, bande de salauds de pauvres), ta thèse sera finie dans le sang la sueur et les larmes et quand tu n’auras plus un ongle à ronger, et en plus t’auras pas de boulot l’an prochain mais tu t’en fous tu seras docteur mouahahaha tu vivras de doctorat et d’eau fraîche.

Mais tu pars à Istanbul pour le week-end avec tes copines géniales, et ça c’est quand même bien bon. Voire même de la boulasse intergalactique. Va falloir rentabiliser, ce sera tes seules vacances de l’année. Autant vous dire qu’on va pas s’éterniser dans les mosquées. Ça va balancer du lourd. J’ai d’ailleurs appris lors du briefing pré-week-end, dont la substantifique moelle consistait en histoire de la céramique et du Bosphore vin blanc et débat d’idées sur les hommes préfèrent-ils les chieuses?, que certaines blogueuses qui se donnent l’air cool et sympa dans leur blog branché ne sont pas toujours cools et sympas en vrai. Ben moi si, je vous garantis. 100% trop de la bonne. Reste plus qu’à devenir la tête de gondole de la hype du blog. Mais bien sûr.

Enfin bref, tu profites de surveiller un partiel pour écrire quelques lignes destinées à éclairer les peuples de l’internet. Faut dire que glamour et so foot ça ne te tient que deux petites heures, outre que ça fait poiler tes étudiants, qui ont désormais compris que ton cerveau était dévoué à de plus hautes tâches que la philosophie. En même temps je vais pas non plus faire style j’amène le monde diplo à la fac, ça serait trop facile.

Bref. Le sujet du jour, proposé par une fidèle lectrice, est la répugnance de Ryan Gosling pour les céréales (voir ici) (on me signale dans l’oreillette que ces vidéos sont truquées: je m’esclaffe). Étrange paradoxe d’abord que d’accoler les vocables « Ryan Gosling » et « répugnance », je suis bien d’accord avec vous. Cet homme se consomme chaud, froid, frit, roulé dans la farine, cru, en tranches ou cuit sur l’os. Je dis. Et pourtant j’aime pas les blonds.

spot-mikey-life-cereal

Que dire néanmoins de la question de l’appétence de cette bombe sexuelle mutique au volant de sa voiture qui trace dans la nuit (oui sur la banquette arrière pas de problème mon gars) (avant aussi, je suis pas chiante)? D’abord, que les céréales moi j’aime bien ça, surtout quand il y a du bon chocolat noir dedans et que ça croustille. Bizarre parce que quand j’étais petite j’adorais ceux au riz soufflé et j’attendais qu’ils soient tout mous dans mon bol. Ce revirement tient de la schizophrénie, ça fait froid dans le dos que d’y penser. Mais enfin. Les céréales, cette belle antienne de la vie saine et des petits-déjeuners « complets » pour les petits nenfants, aaaaaah. Personnellement siroter un thé dans mon pieu avec un bouquin m’est infiniment plus agréable; outre que je me lève rarement avant 11 heures, ce qui fait que mon bol de céréales est plus dans le genre « repas de midi » niveau horaires. Oui je suis une paria sociale, mais ça ne m’ébranle pas plus que ça: travailler la nuit quand la ville dort est un décalage qui vaut tous les sacrifices. La diététique s’offusquera sans doute de mes délétères pratiques, mais rassurez-vous j’aime bien les carottes, ça passe très bien après un bol de muesli.

Le vrai dilemme, en matière de céréales (car après tout il y a tellement de marques de céréales que tout un chacun doit trouver son bonheur) (pour une fois que la société de consommation SERT à quelque chose) (avec la fabrication de l‘iPhone), c’est la consommation de lait. Posons les données de l’équation: lait ou pas lait? Le lait, sublime réminiscence de la tétée primordiale, est une denrée plus adaptée aux intestins de moucherons qu’au rectum de l’adulte, ce qui fait que certains en sont incommodés. Bon. Les bienfaits du lait, otage agricole, seraient une légende fabriquée de toutes pièces pour nous faire croire que sinon on va tous clamser d’ostéoporose parce que le calcium c’est bon pour tes os. Bon. Les pubs pour les produits laitiers, qui nous ont bercés nous trentenaires, à l’aube de notre glorieuse existence, et nous ont guidés avec Hartley cœurs à vif sur les glissants sentiers de l’éveil à la vie, nous raconteraient donc des craques. N’empêche que « des sensations pures », je vois pas trop comment le contrer – à part au niveau des « sensations impures » mais j’ai du mal à saisir de quoi on parle. Hmmmm, ou alors de Wolverine. Bien possible. La moustache impure. C’est ça qui est bon.

Tout ça pour dire: ben moi j’aime le lait sous toutes ses formes, et ça va bien, merci. J’espère qu’ils font du kefir à Istanbul.

Wolverine got milk