Winter is coming

La nuit de l’après-midi la nuit de décembre la nuit de la nuit .

La pluie froide, tu tends la main par la fenêtre elle est si froide qu’elle devrait te traverser, mais ne sois pas bête, et la neige, quand est-ce qu’elle arrive la neige? Mais ne sois pas bête c’est bien trop froid la neige. Tu fermes la vitre.

Tu penses à des mots anciens et à des blagues sur le bas-clergé. Tu rigoles, vraiment c’est pas croyable comme tu te la ramènes avec les mots. Dans un grand saladier et qu’on en finisse!

Tu regardes les vies des autres enfin leur télévision, une fenêtre deux fenêtres trois fenêtres des sapins qui clignotent. La lumière de la rue est verte.

Winter is coming

Faut déjà aller chercher les cadeaux de Noël? Tu penses à des foules dans des magasins. Tu les méprises un peu mais ha ha ha pour qui tu te prends.

Tu te racontes des histoires très fantastiques de pays lointains au soleil. Tu sais pas mal te raconter des histoires.

Garder les pieds au chaud, la lumière des lanternes japonaises à travers le papier de riz.

Les ombres familières.

Garder les pieds au chaud l’hiver arrive.

Les fenêtres d’en face / Windows across the street

Back home. It’s winter. Nights are still long, sometimes lonely. Then you look out the window, you see the windows and their lights across the streets. Somehow they remind you that you’re part of the city: all these lives you don’t know but that leave traces, and from the other side of the street you’re a part of this. You may even meet the eyes of your neighbour, maybe looking for the same kind of comfort – strange and awkward encounters.

« Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. »

Qui mieux que Baudelaire… ? (Les fenêtres, Le spleen de Paris)