Je vous sens perplexes, chers lecteurs, vous qui êtes habitués à la profondeur tant anthropologique que philosophique de mes horrifiques écrits, à l’énoncé du titre. Pourtant, il s’agit bien de disserter de barbaque. Et vous allez voir, on va creuser bien profond. Comme dirait le grand BHL « il n’y a pas de petit sujet, surtout s’il s’agit de ma gueule. » Parfois la richesse de la philosophie contemporaine en France m’effraie. Je veux dire, qui peut encore suivre, merde ? Je connais des agrégés qui s’y sont cassé les dents (et pas que d’ailleurs).
A propos de dents, revenons aux moutons et à la bidoche. L’autre soir, comme je dînais avec de charmants amis qui vivent en Allemagne et n’en peuvent plus des charcutes teutonnes (personnellement j’ai été conditionnée pour aimer ça à la folie, je ne me prononcerai donc pas sur la pertinence de la haine ou de l’amour de la saucisse) (je dirais cependant qu’une charcuterie présentant moins de 7 sortes de saucisse de jambon ne mérite pas de baiser le pied de porc qui la fait vivre), nous commandâmes divers produits carnés du bœuf saignant. C’est pas parce que je suis au régime sec que je vais me priver H24 de trucs bons (c’est tellement une BLAGUE de croire un instant que tout ce qui n’est ni gras ni sucré peut être bon…) (du BEURRE AU SUCRE, v’là l’top !), donc banco pour la bavette à l’échalote bien SAIGNANTE avec des FRITES. AAAAAAAHHHHHHHHHHHHH. (Des fois comme ça, faut relâcher la pression) (sinon tu finis comme Carlos et tu te mets à chanter Big Bisous). D’aucun prétend que c’est une légende urbaine que je suis au régime, vu que chaque fois qu’il me voit manger j’engloutis des quantités de bouffe indécente. Là j’ai envie de dire: mec, c’est pas parce que t’es jaloux de ma silhouette de rêve que tu peux critiquer mon régime. T’es jaloux parce que je me bourre la panse et que je maigris plus vite le François Hollande pré-2012, eh ben t’auras JAMAIS la recette de mon régime miracle!
Non mais c’est vrai, quand même c’est un peu la loose pour la lonesome camionneuse d’aller au restau relais routier et d’entrer en gueulant : « Holà tavernier, qu’on m’apporte moultes quinoa, salade verte et autres tristeries non caloriques ! » Y a pas, des fois la lonesome camionneuse a bien besoin de trucs qui tiennent au corps, tout ça pour soutenir son rythme d’activité trépidant de débardeuse de troncs (ouais, débardeuse de troncs, et alors ?) Ah là là. Cela faisait longtemps, trop longtemps, régime maudit, que tu tenais la bidoche et la frite éloignées de mon estomac. Ah mes amis, c’était BON. Voire jouissif, pour dire les choses crûment. CRU. Hmmmmm la viande crue, le TARTARE DE BOEUF, le CARPACCIO, OH OUI !!!
Bon je sens que je m’égare, que voulez-vous, nous en arrivons au sujet principal : la lonesome camionneuse aime la viande fraîche. Ouais. Et ce, au propre comme au figuré (ouarf ouarf, elle fait beaucoup dans la FINESSE aussi).
Or donc, il faut distinguer deux problèmes philosophiques de haute importance dans la consommation culinaire de viande. De haulte gresse, comme dit Rabelais (un homme qui avait bien saisi la nécessité de la viande). UN, les conséquences digestives désagréables et inattendues le lendemain, quand on a un estomac délicat et fin comme la lonesome camionneuse. Ma sœur (l’une), qui est très avertie sur les choses de la viande et du tube digestif, m’a d’ailleurs tout de suite fait remarquer qu’il ne faut JAMAIS manger de la bavette à l’échalote le soir sous peine de désagrément du lendemain. Je n’en dirais pas plus, car de nombreux humains considèrent hélas qu’il est de fort mauvais goût de disserter de tube digestif en société, alors que bon excusez-moi c’est quand même un truc assez important dans la vie de tous les jours. J’peux vous dire que la cro-magnonne, elle, ne se préoccuperait pas de ce type de conneries de politesse à deux balles. Elle bouffait gaiement son cuissot de mammouth faisandé et racontait ses histoires intestinales sans faire la fine bouche à ses copines de la caverne. On raconte d’ailleurs (ceci prononcé sur un ton chevrotant de vieille conteuse de légendes extraordinaires) que l’une des premières manifestations de la politesse recensée dans les archives du monde occidental eut lieu à la cour de Frédéric II de Hohenstaufen (un sacré gaillard, permettez-moi de vous le dire), où un courtisan se retint jusqu’à mourir plutôt que de lâcher une vesse devant le monarque. Bel exemple ! Péter ou mourir, il faut choisir. Pauvre politesse. Enfin, tout cela est quand même assez pénible, car la lonsome camionneuse aime attaquer un steak bien saignant en soirée. Voici donc qu’émerge un nouveau dilemme cornélien de la plus haute importance. (Et une grande perte pour ma féminité) (ha ha ha ha ha, mais bien sûr!)
DEUX, bien évidemment, la question du végétarisme ne peut être évitée. Parfois il ne faut pas hésiter à plonger la tête la première dans les clichés. Ma sœur (l’autre) (j’en ai deux, assez géniales dans leur genre) est une grande yogi et donc végétarienne. Elle me dit que quand même c’est abuser toutes ces bestioles élevées en batterie à coups d’antibiotiques, d’hormones et de farines animales ; que tous les êtres vivants sont aussi des créatures de Dieu. Ce sur quoi je suis d’accord. Mais PARDON je ne peux pas renoncer à la bonne barbaque, même si la bête a été nourrie en intraveineuse d’antibiotiques et de substances cancérigènes de toutes sortes. Il n’y a pas d’argument qui tienne, la chair est faible. Une bonne viande bien saignante, bien tendre, ça vaut bien la torture d’un animal innocent. Je suis un monstre. La viande me tient en son emprise. RENONCER AU FOIE GRAS ???????? JAMAIS !!! Je suis un être carnassier, ni yogique ni logique.
Le lonesome camionneusisme est un pantagruélisme.