Des modes sexuelles

Retour au bitchage franc et massif après une petite phase sentimentaloitalienne. Heureusement, bien réinstallée dans son studio montmartrois, reboostée par le yoga et les courses au marché, un masque à l’argile sur la tronche, Montaigne et Miller sur la table de nuit, la lonesome camionneuse is back (oui, si vous vous dites que c’est juste une pouffiasse de bobo de merde Parisienne hype, vous êtes tout à fait dans le ton) (hu hu hu). Et qu’a guetté pour vous, fidèles lecteurs, son œil acéré ?

Eh ben aujourd’hui on va parler de sexe. Vil racolage, me direz-vous. Eh ouais (rien à foutre). Trashitude, j’accours à ton déchirant appel. Nous ne disserterons pas, ô malheureux voyeurs que vous êtes, des expériences sexuelles de la lonesome camionneuse (riches et performantes, pour le résumer vite fait quand même) (SES PARENTS lisent ce blog) (faut y aller progressivement) (elle se voit mal disserter de fellation avec eux à table, tout de même), mais de l’air du temps sexualisé qui commence à bien lui casser les bonbons.

Ceci a été suscité par deux Unes récentes de magazines de meufs tout à fait courants (I know I know depuis le temps elle aurait dû ARRÊTER de lire des magazines féminins) (mais merde que faire quand on a dormi 3 heures et que s’annonce une journée pluie, pilou-pilou, tisane et manucure ?) (je précise que j’ai peu dormi pour des raisons indigestionnelles tout à fait ridicules, c’est tout) qui titraient « La pipe, le ciment du couple ? » (merci la vie ils ont mis un point d’interrogation) (en fait non, c’est tout aussi minable dans les deux cas) et « La fessée, c’est branché ». Le néo-impérialisme du plumard entre par la porte des chiottes (oui je lis les magazines féminins aux gogues, à la rigueur à la plage, ne vous en déplaise) (faut pas trop pousser NON PLUS). La mode est partout, même dans nos organes génitaux.

Donc maintenant il ne suffit plus d’aller voir la bonne expo, la bonne pièce de théâtre ou le bon film pour être hype, en plus faut se faire attacher et fouetter au pieu, et sucer des bites avec l’abattage d’un garage multiplexe (et ce mesdames, MÊME SI VOUS N’EN AVEZ PAS ENVIE. Forcez-vous un peu que diable, c’est pour le bien-être de Chouchou). Et puis il faut consommer, consommer, consommer: pornos (comment t’es jamais allée sur youporn? mais attends tout le monde le fait, c’est carrément mainstream), sex toys, boules de geisha, strings rouges fendus, combinaisons en latex et autres accessoires in du sexe.  Avouons-le, la première réaction de la lonesome camionneuse, en bon mouton de la société de consommation qui nous tient les bourses, la bourse et le cerveau toujours à la recherche de la hypitude, a été de se dire « hmmmm oui examinons la question ».

Mais enfin, après réflexion (voyez comme la femme est CONNE et s’est bien laissée embringuer dans sa CONNERIE) (il FAUT RÉFLÉCHIR et ON LES EMMERDE SI CA LEUR CONVIENT PAS QUAND ON OUVRE NOTRE GUEULE) il appert que bien évidemment tout ça est du vaste foutage de gueule à 0,00000001 centime de drachmes (et si vous croyez que ce sont les hommes qui vont sauver la Grèce, vous vous mettez le petit doigt dans l’œil messieurs) (au fait Nicole est toujours allein in Griechenland, pour ceux qui aiment les choucroutes) (on ne s’en lasse pas).

Mais bon sang depuis quand les kifs sexuels ont quoi que ce soit à voir avec la mode ? Je veux bien pour la couleur des ongles et des pantalons (toujours pas convaincue par les imprimés de l’automne, nonobstant), mais les fantasmes et le plaisir, je ne vois pas COMMENT les sortir d’une revue de papier glacé. C’est précisément tout à fait glaçant. Je ne dis pas qu’un petit trip à la Jean-Jacques de temps à autre ne fait pas du bien aux nerfs, mais enfin pour ça il suffit de lire Jean-Jacques précisément (ou Donatien, si vous cherchez des trucs un peu plus pimentés) (sans dec’, on n’a pas vraiment fait mieux depuis) (en Pléiade, pour les puristes, comme quoi on est bien libérés dans les belles-lettres, HEIN). Et si on nous disait que ce qui est à la mode c’est le fétichisme des slips en fourrure, que ferions-nous ? Je vous le dis très net en tout cas, pas question pour la lonesome camionneuse de se mettre à lécher des kilomètres carrés de culottes léopard.

[NB pour les paumés de la culture des prénoms (hu hu hu): Jean-Jacques --> 
Rousseau --> fessée; Donatien --> Sade --> diverses pratiques sexuelles à 
caractère pour le moins fantasque]

On l’a compris, encore un bon impératif catégorique pour la femme moderne : être belle, bien fringuée, bien maquillée, bonne cuisinière, bien élevée, bien salariée (plus chaud du bonbon pour une femme, déjà) et un peu cultivée (pas trop, faudrait pas que Bibiche en remontre à Gros Relou en société, HEIN !) (ou alors elle le briefe AVANT en lui faisant des fiches – SYNTHÉTIQUES s’te plaît les fiches – et surtout ferme bien sa gueule pendant les dîners en société) (je ne parle même pas du fait qu’elle ose avoir un AVIS sur quelque production culturelle, intellectuelle, ou PIRE, politique, que ce soit) eh ben ça ne suffit pas, faut aussi ASSURER AU PIEU. Pardon pardon pardon ??? (PARDON ?????)

Pour une fois qu’il y a un truc où les mecs ont un peu la pression (oui reconnaissons-le, les chouchous ont un peu la pression depuis qu’il est socialement et scientifiquement reconnu que l’orgasme féminin a un sens) (pauvres chouchous) (laissez-moi vous dire néanmoins que certains ne l’ont pas encore suffisamment, la pression) (enfin moi j’dis ça j’dis rien), bam ! sous prétexte de ne pas faire l’étoile de mer, on passe direct à la fellation ou la fessée. Et en plus on nous parle de « sado-masochisme soft » et que « le dominé n’est pas celui qu’on croit » (pas mal celle-là, mais ça va faire 2000 ans qu’on nous la sort, eh patate !), alors que les femmes gagnent déjà des salaires de merde, torchent les gamins et se font sans cesse aborder dans la rue comme des bouts de viande ce qui, messieurs sachez-le, n’est pas extrêmement sexy.  Peut-être que justement on pourrait essayer de réfléchir des relations sexuelles un peu moins empruntes de pouvoir, non ?

Convertissons-nous enfin à l’ÉGALITÉ DES SEXES. Merde.

Jusques à quand enfin, bon Dieu de sa mère, va-t-on arrêter de nous prendre la tête et juste se préoccuper de kiffer la vibe ? C’est déjà pas si évident (Nietzsche en est témoin), alors bon… si vous jouissez du missionnaire les enfants, jouissez sans arrière-pensées, c’est pas la lonesome camionneuse qui vous jettera la pierre ! Pareil pour l’ondinisme ou tout ce que vous voulez, enfin vous faites comme vous le sentez, juste VENEZ PAS ME PÉTER LES ROULEAUX AVEC VOTRE HYPITUDE SEXUELLE. Ça n’existe pas.

Sur ce, je m’en vais boire une tisane.