Des dilemmes masculins du costume et de la nécessité vestimentaire du dandysme

L’autre jour, après visionnage assidu de la série The West Wing que oui je sais mais allô quoi, comment t’as mis 8 ans à découvrir une des séries les plus ouf de la planète ? je vous emmerde vous avez jamais lu la Bible ? Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. Matthieu 20, 16. Et bim. Donc, je mate assidûment cette série de la boulasse intergalactique qui parle de la Maison Blanche et me rappelle à la fois que 1. si Martin Sheen avait eu 40 ans de moins, mais yohoho et une bouteille de rhum, parce que merde Badlands, Apocalypse Now et en plus un mec de gauche ! l’émir du Q. semble bien fade, oui, bien fade ; et que 2. les Etats-Unis sont à la fois un des pays les plus fascinants et les plus horripilants qui existent (une petite larmichette à chaque fois que retentissent les trompettes du générique) (btw : I miss you NY, I miss you New Yorkers, A LOT) (et sinon, les mecs, vous avez pensé à appeler Valérie Damidot pour le bureau Ovale ? parce que là, c’est pas possible).

Mais la conclusion la plus évidente et la plus problématique que pose cette série à dominante fortement masculine (on va quand même pas laisser le pouvoir aux femelles) est d’ordre vestimentaire.

Car oui, les hommes n’ont pas beaucoup de dilemmes vestimentaires, contrairement à nous les femmes qui passons notre temps devant nos placards après nous être goinfrées de magazines de mode en nous demandant : noir et blanc, pastel, imprimé jungle, robe cintrée, robe tube, robe chemise, jupe courte, jupe longue, et allons-y vive la mode qui nous fait nous poser des questions fondamentales de la politique et de l’égalité des sexes, alors que quelque part, si on se tenait une fois pour toutes à ce qui nous va, on s’emmerderait moins. En même temps, quand on est comme la Lonesome Camionneuse carénée comme une frégate et qu’on peut tout porter, imaginez le poids de l’hésitation qui pèse sur vos épaules (n’exagérons pas, pas tout, PRESQUE tout quand même).

Bref, revenons à nos moutons hommes, confrontés aux affres du placard : ils sont moindres mais pas moins fondamentaux.

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Dilemme premier : cravate ou pas cravate ? Là, nous sommes obligée de Nabilaïser dès l’abord : nan mais allô quoi, t’es un mec et tu mets pas de cravate ? Précisons que la lonesome camionneuse n’aime rien tant que les vrais dandys, et bien sûr aucun dandy digne de ce nom ne niera que l’équilibre parfait des formes est atteint dans l’ensemble costume (bien cintré de préférence, merci) – cravate. Melle Babouchka, être de critique dont la force surpasse parfois sa sagesse, argue que la Lonesome C. est obsédée par les hauts fonctionnaires. Rien de plus faux, car si les hauts fonctionnaires portent le costume-cravate, ce n’est pas pour autant qu’ils le portent bien (cravate bleue et costume trois boutons, mais aaaaaargh passez votre tour), ni qu’ils font le bon nœud de cravate. Haut fonctionnaire et kif vestimentaire sont congruents mais non exclusifs : dandy je vous dis, dandy ! Faux cools en chemise blanche ouverte sur le poitrail, passez votre chemin, rien de plus sexy qu’un costume trois pièces bien chiadé orné d’une belle cravate (rouge, la cravate !) (j’en frissonne).

Excursus sur le nœud de cravate : LÀ est le sel de l’affaire ; le nœud de cravate idéal est à la fois légèrement asymétrique (mais la Lonesome C. aime bien la symétrie, c’est son côté germanique : certes, les dandys sont plus britano-italiens que germains, mais il faut parfois céder à son inconscient national) (bref, elle ne jure que par le demi-Windsor), mais aussi consistant, qui anime la cravate de pleins et de creux (arches et gouttes), telle un paysage calcaire conciliant canyons et dolines. Enfin, le nœud de cravate doit rester simple d’aspect, car l’élégance ne s’embarrasse pas de fanfreluches. Bref, selon les personnalités autorisées de l’internet en la matière, le Old Bertie serait de mise ; mais enfin, encore une fois, la Lonesome C. reste tenacement pour le demi-Windsor. Soyons tolérants.

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Un dilemme dérivatif du précédent serait : cravate ou nœud pap’ ? La lonesome camionneuse n’a pas spécialement d’avis sur la question, hors du fait que le smoking est hautement excitant (en situation bien sûr, JAMAIS de smoking à un mariage). Disons que si le nœud papillon est bien assorti au reste, pourquoi pas, mais je soupçonne que ça doit sentir son hipster à plein nez. En même temps, du dandy au hipster il n’y a qu’un pas, me direz-vous. Et vous n’aurez point tort. Mais le dandysme est métaphysique, le dandysme est sublime, nœud pap’ ou pas nœud pap’. Attention néanmoins, on ne le répétera jamais assez, point de dandy cool en la demeure.

Le dilemme ultime et décisif en matière de costume est le suivant : pochette ou pas pochette ? Mais mouahahahaha et pffff évidemment, comme dirait le Duc de Guise, Prince des Élégances et Grand Dandy, POCHETTE bien sûr ! Pas n’importe laquelle, bien entendu : attention aux couleurs, qui doivent rester subtiles et tout en nuances. Préférer donc dans l’absolu la pochette BLANCHE, éventuellement sans prendre de risques la pochette blanche à liseré de couleur.

Après, bon, si vous préférez passer vos journées en jogging, c’est votre problème, bande de feignasses esthétiques. C’est pas comme ça que vous allez pécho de la Camionneuse (oui je suis folle, et je m’en dilate bien la rate, permettez-moi de vous le dire). M’en fous, comme dirait Sneaky Princess : « Un jour mon prince viendra, en costume trois pièces. Et plein de flegme. »

It is only the superficial qualities that last. Man’s deeper nature is soon found out. – Oscar Wilde.