Du chauffage

WTF me direz-vous, que vient-elle nous rebattre les oreilles de questions de poêles alors que le soleil repointe enfin son nez après deux affreuses semaines de vent, de froidure et de pluie? Ouais, je sais pas vous, mais à Paris il fait vachté beau ce jourd’hui, or Paris comme chacun sait est le centre du monde, ce qui me fait penser qu’il faudrait que je vous entretienne prochainement du foisonnant concept de « province », mais enfin vous comprendrez que je peux pas non plus être au four et au moulin en permanence pour éclairer le monde de mes brillantes représentations (voire mes Extraordinaires Concepts Philosophiques mais l’Histoire jugera) (un peu comme Lorant Deutsch).

Le chauffage donc, sujet grave qui touche de près nos fesses puisqu’en fait de réchauffement climatique global c’est un atroce refroidissement des hivers qui attend l’Europe (autre centre du monde bien entendu) (notez que j’emboîte les échelles avec une agilité intellectuelle peu commune) (huhuhu). Pensez: bientôt à nos portes la Sibérie, le Canada, Paul-Emile Victor et les clébards de traîneau, ultime rempart face aux loups affamés dans l’enfer glacé de la nuit arctique comme dans les romans de Jack London (un traumatisme d’enfance). D’aucuns s’en réjouiront, au prétexte sans doute que les migrants n’envahiront plus nos rivages puisque comme chacun sait « la misère serait moins pénible au soleil » (Bourdieu). Bon.

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Le froid, c’est mon avis, ralentit le cerveau. Me rebutent particulièrement les attitudes bravaches face à ces vicissitudes, genre « le froid fortifie l’homme » (et la femme elle t’emmerde) ou bien « crever geler c’est l’aventure ». Cher Olivier de Kersauzon, je comprends ton délire, tu dois être un ami de Montebourg prêt à tout pour soutenir le commerce des marinières, mais non, se geler le cul n’est pas un facteur de progrès civilisationnel aux dernières nouvelles (non pas que j’aime plus que ça le progrès civilisationnel mais n’empêche que mon sang se glace dans mes veines à l’évocation des gars du Moustérien se caillant les miches autour d’un maigre feu qui leur permet à peine de tailler trois pauvres silex): qu’on me cite les grandes inventions des Sibériens, une fois – reconnaissons que l’igloo est apparemment une prouesse technique permettant de chauffer l’espace intérieur avec une simple lampe de graisse de phoque ; mais de 1 la graisse de phoque ça pue et de 2 comment tu fais quand y a pas de glace? pas besoin de glace pour se les peler grave.

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Vie de iench

Ne vous méprenez pas, je n’aime pas les chaleurs excessives non plus: de là à en conclure que je suis une biatch jamais contente il n’y a qu’un pas, pas que je ne franchirai pas car enfin je ne fais que dire tout haut ce que tout le monde pense tout pas, un peu comme Vladimir Poutine.

L’enjeu problématique du chauffage se posa concrètement à moi en ce début d’octobre, lorsque la cruelle EDF, non contente de procéder à un relevé de compteur qui te fait rester toute la matinée chez toi puisque le mec doit passer « entre 8h et midi » et masse finalement à midi et quart, me demanda tout de go un ajustement de 600 balles d’électricité sur l’année – inutile de préciser que je me chauffe hélas à l’électricité (tune qui aurait pu être absorbée par des paiements dès le début de l’année grâce au relevé de mars, mais « on ne fait pas comme ça, ce n’est pas possible », m’expliqua d’un ton offusqué et docte le conseiller téléphonique « 100% localisé en France »)(à la pertinente question « pourquoi restes-tu chez EDF? » mon unique réponse est hélas « parce que je suis con »).

Or donc, voici mon dilemme: ou bien crever la bouche ouverte d’engourdissement, couverte de pulls et de mitaines bien peu efficaces contre cette ordalie capitaliste (mystère de la vie: comment les tarifs de l’énergie régulés par l’État augmentent-ils à peu près dans les mêmes proportions que mon salaire de fonctionnaire diminue chaque année?) (seuls les énarques savent) ; ou bien mettre le chauffage dès le 10 octobre et souffrir l’opprobre financière et le désaveu développementaliste durable (« 18° c’est suffisant comme le dit le Ministère de l’Environnement – les mecs qui travaillent dans l’Arche de la Défense hein, notons-le, peut-on faire confiance à des décisions prises en un lieu aussi louche – tu gâches l’énergie »), tout en me faisant tondre par la confrérie du nucléaire. Charybde and Scylla in your fucking face.

Mais j’ai choisi: CHAUFFAGE ME VOILA.

Putain de météo, aucune solidarité.

3 réflexions sur “Du chauffage

  1. « Ne vous méprenez pas, je n’aime pas les chaleurs excessives non plus: de là à en conclure que je suis une biatch jamais contente il n’y a qu’un pas, pas que je ne franchirai pas car enfin je ne fais que dire tout haut ce que tout le monde pense tout pas, un peu comme Vladimir Poutine. »

    CULTE !

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