A tous les pédés du monde

Ce que je vais écrire aujourd’hui est très personnel, et j’espère que les personnes concernées ne m’en voudront pas trop de parler d’eux, ce texte est un hommage que je veux rendre à la joie qu’ils apportent dans ma vie.

C’est qu’au milieu de ce mois de juin de merde où l’eau monte et la haine bout, cinquante personnes ont été tuées à Orlando à cause de leur orientation sexuelle (et aussi parce qu’aux Etats-Unis tout un chacun a le droit de se balader avec un gun pour « défendre sa propriété », parce que les Indiens ça n’a pas bien suffi de les faire crever dans les mines, faut toujours garder un gun au cas où ils reviennent, mais c’est une autre histoire).

Ne nous attardons pas sur l’appartenance religieuse du paumé meurtrier qui en est arrivé à une telle extrémité : TOUTES les religions monothéiste (je ne connais pas bien les autres) condamnent théoriquement l’homosexualité. Ce qui n’empêche pas d’avoir de cette condamnation une vision historicisée, et de hiérarchiser les messages. Par exemple, mes parents, qui sont croyants, ont bien compris que « tu aimeras ton prochain comme toi-même » était un peu au-dessus du reste dans la hiérarchie des normes.

J’ai donc eu l’immense privilège d’avoir pour parrain un peintre psychorigide et féru de littérature, qui se trouve par ailleurs être homosexuel. Mes parents n’en avaient à peu près rien à secouer, et moi non plus d’ailleurs, d’autant plus que jusqu’à mes 17 ans ma préoccupation principale était mes notes à l’école. Quand on a soupçonné un truc un jour, on a demandé à ma mère si le gars avec qui Pierre parlait au téléphone c’était comme son mari, et ma mère a répondu que oui. Circulez y a rien à voir. Parce que la nature des genres et leurs choix n’ont rien à voir avec leur sexualité. Mettons que De Gaulle était un type qui aimait se faire flageller avec des chaînes par des femmes en uniforme SS : SO WHAT ? En outre, je vous parie mon bonnet E que la plupart des homos ont une sexualité plus plan-plan que celle du Père Fouras, mais de toute façon ça ne m’intéresse pas car je suis une fille très prude.

Bref, pour moi les homos ont toujours fait partie du paysage, ce qui m’a épargné certains désagréments : par exemple, je ne suis jamais attirée sexuellement par un homo, ce qui est bien pratique car il faut reconnaître qu’ils sont souvent bougrement sexy (moi je suis attirée par les connards mais c’est une autre affaire). Par contre je trouve tout à fait agréable d’être amie avec des hommes avec qui la question sexuelle ne se pose pas (voire même qui sont effrayés à la vue de mes seins, ce qui me met dans une joie incommensurable) ; je suis donc, comme on le dit parfois, « une fille à pédés ». Or donc, dans un joyeux retournement de l’homophobie et de la misogynie, nous nous donnons à cœur joie du « gros pédé » et du « sale pute » (toutes les amitiés ont un côté sombre). En outre, c’est pas tous tes potes qui comprennent ton appétence pour les slips à paillettes. Reconnaissons-le.

Jusqu’à ce que la haine resurgisse (mais elle a sans doute toujours été là), et que je comprenne que pour la plupart des gens « pédé » est une insulte (oui je suis un bisounours ignorant), que des milliers de gens défilent dans la rue pour empêcher les homosexuels de bénéficier d’un régime matrimonial égal aux autres, que ça se passe en bas de la rue, que tout à coup ce qui se passe dans la chambre ne reste plus dans la chambre, qu’on les tabasse, qu’on les tue.

Tous les jours donc des homosexuels, bisexuels et transsexuels sont violentés, tués, juste parce qu’ils aiment la bite, ou la chatte, ou les deux, ou rien. On les exécute dans des pays « alliés » (kikoo l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis ; vous savez, Abu Dhabi, là où on a implanté une annexe de la Sorbonne ?). On leur dénie la liberté et l’égalité.

Comme si ça avait quelque chose à voir avec le schmilblick, le fait de baiser différemment ; cette obsession pour le cul chez les zélotes, c’est vraiment à se demander s’ils sont si mal baisés. Franchement les mecs, est-ce qu’on vous emmerde parce que vous faites huit gosses en baisant à travers le trou d’un drap ?

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Alors oui, résolument l’arc-en-ciel, le mélange de couleurs pour la diversité, et pour le soleil après la pluie. Parce que l’obscurantisme ça commence à bien foutre.

À J.-L. et F., P-J. et A., S. et N., J. et V., P.-H., F., R. et tous les autres. You make my life wonderful, and I love you just the way you are.

« I have decided to stick to love … Hate is too great a burden to bear. »

Martin Luther King

6 réflexions sur “A tous les pédés du monde

  1. Franchement les mecs, est-ce qu’on vous emmerde parce que vous faites huit gosses en baisant à travers le trou d’un drap ? –> j’ai lu solennellement ton texte, parce que je le trouve très beau et que je me reconnais dedans en tant que « fille à pédés »..Mais pardonne-moi, cette phrase m’a faite hurler de rire ^^

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