J’ai appris récemment une triste nouvelle : comme quoi que je puerais de la gueule. Plaisir. Sous le choc, déboussolée, vulnérable, je suis d’abord restée interdite. Ensuite j’ai tenté de respirer ma propre haleine en soufflant dans ma main. Que dalle. Je ne sentais que les pots d’échappement, comme d’hab. Jalousie, me suis-je dit, c’est bien normal, moi qui suis belle intelligente et gentille, il faut bien que je subisse parfois de ces insultes au-dessous de la ceinture qu’entraîne ma condition d’être supérieur. Et quoi de plus vicieux que de m’accuser de puer le chacal, chose invérifiable et purement subjective ? Bref, je restai stoïque devant cette vile estocade.
L’ennui c’est qu’à partir de là, la parole s’est libérée. Libérée, que dis-je ? DECHAÎNEE oui. A peine ai-je commencé à répandre le bruit que ma SOI-DISANT meilleure amie m’avait dévoilé ce fâcheux détail – dans le but, bien entendu, que l’on me réponde « Mais pas du tout ma chérie, ton haleine sent la rose et le benjoin » – que mon entourage s’est cru autorisé à surenchérir. Oui, les salauds. Comme quoi c’était pas glamour de m’embrasser, que j’avais sans doute des problèmes de digestion, de l’aérophagie, une flore intestinale déflorée, une gousse d’ail dans le cul, que sais-je. A croire que tout un chacun est spécialiste de l’halitose – ouais, parce que puer de la gueule a un nom médical ; là je me suis jetée sur doctissimo et j’ai compris que j’étais atteinte d’un mal dangereux, ce qui prouve une fois de plus que le monde m’en veut. INJUSTICE. OSTRACISME.
Condamnée à ne plus jamais rouler de pelles de ma life.
Et puis tout le monde a un remède à proposer. Forcément. « Brosse-toi les dents » – oui merci la police de l’hygiène ; toi qui penses que je suis une fille sale, tu es sur ma liste des larves à écraser. Un jour, comme ça, quand tu ne t’y attendras pas, je serai là derrière une porte et BAM ! je vais te laminer la gueule en douceur. « Une cuillère à soupe de vinaigre de pomme dans un mug d’eau chaude le matin et le soir », « brosse-toi la langue », « 1,5 litres d’eau par jour », « prenez un chewing-gum », « croque un citron », « il faut arrêter de manger de l’ail, de l’oignon, de boire du café et d’ailleurs t’as pas un peu grossi ? » (toi aussi tu vas prendre). Inutile de dire que je me voyais déjà finir hydropisique, l’émail des dents défoncé et un ulcère perforé en préparation. Moi qui n’ai jamais fait de mal à une mouche.
Comme je suis assez nulle en mesures énergiques et que je fais partie des procrastinateurs qui se disent « ouais ça ira mieux demain » en prenant une aspirine et finissent aux urgences pour se faire diagnostiquer un cancer en phase terminale (vu que le monde m’en veut, ça m’arrivera forcément un jour, c’est clair), j’ai décidé de ne pas aller voir le médecin et d’user de mesures prophylactiques à l’efficacité prouvée, à savoir, LE BONBON A LA MENTHE QUI ARRACHE LA GUEULE. Faut ce qui faut. Pas le bonbon à deux balles hein, attention ! Le bonbon qui tue. Un microgramme de ces pastilles te dégage la colonne d’air jusqu’au fond du côlon. C’est tellement bon cette sensation, tu en suces toute la journée. Tu te sens comme dans une chanson de Kool & the Gang : « She’s fresh, she’s so fresh, exciting, She’s so exciting to me. » En route pour le roulage de pelle !
Evidemment, tout ça serait trop simple. Il y a comme toujours un revers à la médaille, un côté obscur à la Force, un envers à l’endroit, un anus à la bouche, un grain de sable dans l’engrenage. D’abord, tu es tout le temps cramponnée à ta boîte de pastilles, ce qui fait que tu as un peu l’air d’une malade mentale atteinte d’un grave TOC. Ensuite, ces maudites dragées t’activent la digestion, ce qui fait que tu risques FORTEMENT la putridité à l’autre bout de la chaîne alimentaire, si vous voyez ce que je veux dire (un conseil : évitez surtout les bonbons suisses aux plantes : GROSSE ARNAQUE DIGESTIVE).
With great power come great responsibilities. Comme dirait l’autre.
aaaaah, je comprends bien. Je suis passée par là mais c’était lié à mes dents pourris…depuis, j’ai fait un tour chez le dentiste mais ça m’a traumatisé et depuis, je ne me sépare plus de CB12…je me brosse les dents même au boulot….quand je sais à l’avance que je vais m’exprimer à proximité de quelqu’un, je prends du chewing-gum même si maintenant, on me rassure que j’ai une haleine « fraîche »…