La Saint Valentin approche. Que faire?

L’ennui c’est qu’on a beau être toutes voiles dehors contre cette atroce fête commerciale du couple comme accomplissement de la vie sociale (c’est hyper à la mode d’être anti-Saint Valentin, reconnaissons-le), toute fille qui a été élevée comme une fille (aaaaaaaaah attention, on parle de genre ici, on a lu de l’anthropologie mesdames et messieurs) (le premier qui fait un commentaire sur « les petites filles ça porte des jupes roses et les femmes ça reste à la maison s’occuper des enfants » se prend une tomate pourrie) ; toute « fille », donc, kiffe grave le concept de célébrer son amour et son couple et de recevoir toutes sortes de gratifications y afférentes (fleurs, bijoux, porte-jarretelles, etc. etc.). Ce n’est pas exactement de la vénalité, plutôt une bonne petite perpétuation de l’inégalité de salaires entre hommes et femmes, qui fait que nous femelles avons l’impression de recevoir une sorte de dû. Ce qui nous entretient dans notre dépendance. Etc. etc.

Bref, c’est moralement la louse, mais la tentation est grande. Perso je kiffe grave de recevoir des cadeaux en toute circonstance (kikoo les amis). Pour rendre le truc moins louse, on peut efficacement y remédier en offrant au Mâle une gratification de même type (fleurs = vinyles ou tournevis, bijoux = cravates ou montres, porte-jarretelle = string en cuir) (décidément, le genre est tenace) (cela dit j’aime assez offrir des fleurs à tout le monde, mais je suis un peu bizarre).

Pour analyser en détail la situation, analysons et décomposons les options en fonction des situations, dans une démarche éminemment scientifique (la science est notre horizon, la Saint-Valentin notre fond, le n’importe quoi notre domaine de prédilection).

Sont-ils pas meugnons et dégoulinants

Sont-ils pas meugnons et dégoulinants

QUE FAIRE, donc, pour la Saint-Valentin ?

♦ Premier cas : tu es célib’

– Premier sous-cas : tu ignores

Difficile, car tu croises forcément dans le paysage urbain des indices de cette maudite fête moisie (gâteaux en cœur, pubs pour meetic, cravaches en cuir). Mais enfin, t’arrives à t’organiser une petite soirée tout à fait indépendante et peinarde, en mode sortie copines (en espérant que tu en aies d’autres ayant résolument tourné le dos à la Saint Val’) où vous vous interdirez de parler de couples (remarquez que, quand on s’interdit, la chose est souvent présente en creux) (maudite fête moisie). Ou bien tu te passes une soirée tranquille le chat à mater un bon film. Mon conseil : privilégier la sortie au cinéma ; la soirée DVD vire trop rapidement au combo Dirty Dancing / pot de glace ultra-calorique, et faut-il vraiment se faire du mal au point de penser que Patrick Swayze doit arrêter de courir après sa vie comme un cheval sauvage en ingérant des litres de caramel crémeux ? A toi de juger.

– Second sous-cas : tu souscris

Folle de douleur de ne pas être de la partie, tu décides de braver l’interdit. Tu essaies de t’impliquer dans la vie des couples de ta connaissance de toutes les façons, en participant à l’organisation de leur soirée (du coup tu finis devant Dirty Dancing avec un énorme pot de glace EN PLEURANT sur ta solitude), voire même en tentant de t’incruster pour tenir la chandelle (je trouve ça assez couillu comme concept, si des lectrices ou lecteurs motivés veulent tenter je demande un compte rendu détaillé).

Autre possibilité, déclarer ton amour à ton sex friend ou à ton Plan Cul Régulier. Mauvais mauvais mauvais plaaaaaaaan. Ca marche que dans les films. Et encore.

Ou alors, faire entrer le Valentin dans ta vie par la force : tu t’inscris sur Tinder en balançant un max de photos à moitié à poil de ta cousine de 18 ans (Tinder, l’application qui te permet de trouver des mecs opés pour baiser dans ton entourage géographique immédiat) (je compte faire une enquête plus poussée sur Tinder, merci aux consommateurs de se signaler afin que je puisse établir un échantillon représentatif) (ce qui m’éviterait de donner mon corps à la science). C’est sûr, tu vas pécho pour la soirée. Mais comment tout cela va-t-il finir, jeune Padawane ? Es-tu certaine que cela ait un intérêt de bêler devant un préservatif à la fraise, cadeau d’un soir ? Je t’en prie en tout cas, n’oublie point de raison garder : si je te chope en train de cuisiner un dîner aux petits oignons à un rascal ramassé sur Tinder, je t’oblige à t’inscrire à la la Lonesome Emmerdeuse Summer School sur « The Dark Side of the Gender », et crois-moi avec maître Yoda aux commandes tu vas bien t’emmerder. Te respecter un peu tu me feras l’honneur de. Yoda staïle.

Be my Valentine

Je sais, c’est dur. Saloperie de Saint-Valentin (pourquoi pas une journée du sexe ? de l’orgasme ? des pratiques sado-maso ? du célibat ?) (je demande).

♦ Second cas : tu es en couple

– Premier sous-cas : tu ignores

Bien installée dans ta petite vie pépère, tu as décidé de faire comme d’hab : glande sur le canap’ devant Top Chef vêtue d’une combinaison en pilou-pilou (ton mec rentre tard, normal il travaille beaucoup a un dîner d’affaires avec sa maîtresse Dominatrix) ; ou glande A DEUX sur le canap’ devant Danse avec les stars comme ça ton mec peut fantasmer sur Alizée pendant que les enfants jouent aux legos et que tu te dis que finalement le sexe ça n’a pas trop d’importance. Pourquoi pas ? (Ne croyez pas que je sois aigrie par ma lonesomitude, j’adore le couple, mais les faits sont têtus).

Si tu es en plein dans le wild side des débuts de la passion amoureuse, vu que c’est toujours plutôt coton d’aborder ce genre de sujets (fêter la Saint Val’ c’est comme une sorte de proto-engagement, et tout le monde sait que les hommes fuient l’engagement comme la peste) (j’aime diffuser ces clichés sur la gent masculine), le mieux est encore de t’engager dans un tunnel de sexe débridé qui empêchera toute discussion problématique.

– Second sous-cas : tu souscris

Bon là, t’es quand même dans le cœur de cible de l’opération donc j’ai envie de dire que tu es moralement autorisée à y participer. Tout l’enjeu est de ne pas tomber dans un trip cucul-la-praline qui ferait de toi une victime de la société de consommation (mouahaha) (ouais parce que c’est ça, EN FAIT, la Saint Val’). Mon conseil serait donc d’oublier toute velléité de sortie classique (resto gastronomique, théâtre, concert) qui va te coûter un bras et dont la satisfaction marginale risque d’être légèrement limitée après tout (assiettes gastronomiques adaptées à l’estomac d’un lémurien anémique, acteurs qui te mettent leur bite dans la figure – oui, c’est du vécu, concert annulé à la dernière minute). Non, rien ne vaut une bonne vieille sortie hors des sentiers battus histoire de rompre un peu avec la monotonie du couple. Il y a évidemment la classique soirée Cuir & menottes, agrémentée ou non de chaînes ou de moustaches ; la sortie dans les boîtes échangistes devenue cela dit d’un banal presque affligeant depuis l’affaire DSK ; voire la tentation bobo d’un dîner végétalien nus dans une yourte kanake.

Le bon vieux triplé BBB (bouffe boisson baise) me semble toujours de bon aloi. Mais je me permets de penser que le meilleur truc, d’un snobisme total, serait d’aller tâter dans le décalage : dîner en tenue de soirée au Mac Do (kikoo Carrie Bradshaw), se faire offrir un diamant dans Space Mountain (kikoo Carla Bruni), aller dîner au Costes en tenue de clochards (kikoo personne vous allez vous faire refouler). Ensuite, bien évidemment, de le raconter sur son blogue ou d’en faire un livre. Bref, que des bonnes idées, inspirées par les plus grands modèles féministes. Je suis bien contente de moi.

Enjoy !

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2 réflexions sur “La Saint Valentin approche. Que faire?

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