Alors qu’on est à peine à la mi-septembre et que tu t’interroges sur la pertinence d’allumer le chauffage vu le froid de canard qui règne, alors que les défilés défilent pour la Fashionweek parisienne, alors que tu passes tes soirées sur le canap’ à hurler PSGééééééééééé devant le match, il est temps de parler de choses de saison, et de faire la recension d’un objet phare de la féminité d’automne-hiver, j’ai nommé le collant.
On m’objectera que ce genre de sujet est abjectement opportuniste et racoleur, outre que c’est une discrimination scandaleuse vis à vis de la gent masculine qui ne connaîtra jamais les joies du bas nylon (quoique) (ne jamais dire jamais, surtout à la mode). Ces objections, comme souvent, m’en touchent une sans faire bouger l’autre (voyez comme mon langage se rit des différences de sexe !) et par dessus le marché c’est pas comme si j’avais la prétention de vous proposer une analyse philosophique du sens des saisons qui passent ; le fait que ce maudit collant me gratte la race me préoccupe beaucoup plus (oui je suis une sale égoïste, et je vous salue bien bas) (mais ça c’est pas nouveau sous le soleil, qui de toute façon a lâché l’affaire).
Il appert donc d’une pressante urgente que je vous entretienne des maléfiques objets de nylon dont les femelles se gainent les guibolles à l’approche des frimas afin de ne jamais renoncer aux mini-jupes, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il grêle. Car tel est le courage des femmes : prêtes à tout pour montrer leurs jambes (je ne juge pas, hein, je constate).
Mais moi, j’aime pas les collants. Pourquoi donc pauvre enfant, vous entends-je vous exclamer à l’énoncé de mon dégoût ?
D’abord parce que les collants c’est jamais à la bonne taille. En conséquence, tu te retrouves coincée entre deux options : 1. c’est trop grand, ça se plisse et ça gondole de partout ce qui, avouons-le, est extrêmement peu élégant (même si ça comprime moins les intestins) (je n’irai pas plus loin, on me dit que je parle trop de mes bowel movements) 2. cas le plus fréquent – car toute femelle biberonnée à la nécessité d’être belle donc mince a tendance à vouloir minimiser la taille de ses cuisses – le collant est trop petit. Ah, dieux, quelle douleur. Le principe physique de cette inconfortable situation est le dandinement, accompagné de la tentative répétée de remonter la chose qui se fait la malle entre vos cuisses (je parle du collant, petits mal-pensants !). Un dilemme s’ensuit : adopter la touche d’un membre de gang américain, le fute qui lui tombe sur les chevilles en dévoilant son calebutte (étrange tout de même, d’être membre de gang et de passer sa vie à craindre que tes braies se fassent la malle) (sans déc’ les gars, vous avez l’heur d’échapper à l’épreuve du collant, et vous vous recréez une domination fashion moisie pour avoir la touche d’un prisonnier en maraude ?) ; ou enfiler par dessus le collant une seconde culotte pour empêcher l’échappée de la chose. Personnellement, j’ai jamais pu.
Et remercions le ciel que la mode soit au collant opaque. Je sais pas pourquoi, je déteste les collants couleur chair, je trouve ça de mauvais goût. Et surtout ça se file tout le temps. Certes, le collant est un progrès technique décisif dans l’histoire de l’humanité mais il souffre d’un défaut majeur, son obsolescence programmée. Salauds d’industriels. Le vil coup du collant qui file la première fois que tu l’enfiles. La PREMIÈRE fois, saperlipopette ! Je vous garantis qu’il y a de quoi alimenter des discussions de meufs interminables sur la résistance au filage des marques de collants. Et pour cause. Surtout quand tu dois sortir 10 boules pour chaque paire. ALLÔ quoi (je sais ça y est, « allô » est une expression complètement out of date, mais je m’en fous, j’adore) (je vous fiche mon billet que ça reviendra en force dans 20 ans). Merci aux échelles qui te donnent l’air d’une clocharde. Alléluia le grunge revient à la mode – seul hic, ça passe moyen avec ton look habituel de petite bourge coincée (oui, et alors ?) (laissez-les vivre !). Tu tentes alors de limiter la propagation de l’échelle en enduisant les trous de vernis ; résultat : un cimetière à collants où des dizaines de paires filées « juste un peu » attendent de ressusciter au cas où tu te mettrais à la jupe sous le genou (fort peu probable, ça va à personne, la jupe sous le genou), mais quand même on va pas jeter, ça peut encore servir. Disons en estimation basse que l’on acquiert 4 ou 5 paires par an, pour 30 ans de portage de jupes (si t’es une warrior de la féminité fanfreluchée) (ce qui est mon cas) (huhuhu). Ca nous fait 150 paires de collants, et 1500€ de capital englouti, tout ça pour une gangue de textile mêlée de substances plastiques qui te gratte toujours à des endroits de ton corps dont tu as pour habitude d’ignorer l’existence.
Mais, me direz-vous, si ça te gratte la chatte (grossière formulation certes, mais jolie allitération) et que ça te tombe sur les chevilles, pourquoi ne mets-tu point de bas ? Bonne, excellente, judicieuse question. En outre, il est vrai que les bas offrent l’avantage non négligeable de faire sur la gent masculine un effet bœuf– ce qui n’est pas à négliger quand on est une célibataire désespérée (oui parce que quand t’es une trentenaire célibataire, t’es forcément désespérée hein) (tes choix de vie on s’en fout). La Lonesome Emmerdeuse, en personne réaliste, pratique assez assidûment le port des bas, nonobstant le froid au cul qui s’ensuit. MAIS. L’épée de Damoclès des bas, c’est la dérobade de la jarretière autocollante. Et là t’as même plus l’air d’un membre de gang, t’as l’air juste trop con, avec une jambe à l’air. Que faire alors ? Saisir le haut du bas défaillant à travers la poche de ton trench et claudiquer misérablement jusqu’à chez toi en rasant les murs.
Non, l’objet le moins pire est le legging (ou caleçon comme on disait dans mon enfance) (mais legging ça fait plus trendy, et puis caleçon c’est so 90’s tu vois). Un exemple de la plus belle eau : la Lonesome Emmerdeuse, accompagnée et conseillée par le Duc de Guise, esthète de la fringue et des jambes de meuf, fait lors d’un tour des fripes l’acquisition d’une charmante jupe écossaise juste comme elle cherchait, mais un peu très largement hyper ras la touffe. Que faire ? Exhiber sa guibolle au risque de dévoiler sa lingerie au moindre penchement ?Possible, mais alors avec son body en dentelle rose, et là ça s’appelle du racolage, c’est un autre choix de vie (coucou les dames de Pigalle). Non, bien opaque et réchauffant, le legging te réconcilie avec la vie. Et c’est bien agréable parce que franchement sinon on va tous se tirer une balle avec ces conneries. Quand je vois la longueur de cet article j’hésite entre le désespoir et le fou rire.
Nan mais allô quoi, t’es une fille et t’as pas de collants ?
Hélas, si.
AAyant un blog traitant des collants dans la mode cet article m’a beaucoup interessé
belle chute! des bises
Vraiment excellent, malgré ta malchance de calendrier qui fait que l’on est revenues à des températures plus estivales. Je voudrais toutefois m’insurger contre cette idée que le legging est mieux. En effet, lorsque l’on mesure un peu moins que la taille d’un mannequin, enfin disons une à deux têtes de moins, et que l’on ne souffre pas d’anorexie aigue, le legging est, comme l’ensemble des pantalons d’ailleurs, beaucoup trop long. Ce qui fait que soit tu le laisses plisser, soit tu le tends et là il t’arrive au niveau des orteils. Donc comme une chaussette dans laquelle tu aurais les doigts de pied à l’air. Et comme tu portes des bottines, tu te rajoutes une perte de chaussettes pour que tes orteils ne frottent pas contre le bout de la bottine. une fois sur deux se forme une espèce de bosse sous ton pied lorsque tu remontes la chaussette, emportant malencontreusement le bout du legging avec. Au 4ème essai, quand enfin tu as réussi à régler ton problème, tu es tellement en sueur que ton legging te fait le même effet qu’un jean par temps d’orage : bref : ça colle. Là, dans le désespoir le plus total après une demi-heure de lutte qui t’ont mise franchement en retard, tu enlèves tout et, n’ayant plus le temps de réfléchir, tu enfiles un pantalon noir et tu files en courant au bureau en tentant toutefois de ne pas casser un de tes précieux talons !
Hélas je ne peux pas te donner tort. Nous sommes donc maudites.