Ca y est, j’ai une vie de quartier…

Les barmen du coin me reconnaissent dans la rue. Les marchands de vin aussi.

Pourquoi, je me le demande, moi qui ne bois jamais d’alcool surtout dans les lieux de perdition à licence IV. À la vérité, je passe mon temps à la librairie – et notez je vous prie que la libraire est complètement cinglée. Elle est particulièrement obsédée par les SACS qu’il faut POSER par terre (eh la folle, tu crois que je vais poser mon LONGCHAMP sur le sol crado de ton gourbi?) (j’ai un petit problème avec mes sacs à main, ils sont un peu un second moi-même de cuir) (du coup je dénigre toute personne qui les menace) (touche pas à mon sac). Faut dire que sa boutique est si encombrée que trois bouquins valsent à chaque fois qu’on bouge le petit doigt. Par ailleurs, si elle s’imagine que je vais lui faire l’honneur de lui chourer un bouquin alors que ça fait plus d’un an que je me force à fréquenter sa cambuse par pure posture politique anti-grandes-enseignes. M’en vais tantôt me remplir les étagères à la Fnac Saint-Lazare, non mais!

A vrai dire, là où j’ai une vraie vie de quartier c’est que j’ai une target locale: le fromager (sosie de Brad Pitt s’il vous plaît). C’est pour quand j’aurai fini mon régime, parce que se faire un crottin de Chavignol par jour pour draguer le magasinier, ça vous alourdit le cuissot. Question: pars-je avec un avantage du fait d’avoir soupiré d’aise en voyant à quel point le brie était coulant la dernière fois? (Mmmmm le brie BIEN COULANT, ça pue mais qu’est-ce que c’est bon!) Je veux dire, ça montre comment je suis une connaisseuse de ouf du fromage, mais en même temps que mon appart’ et ma personne puent potentiellement le brie pendant plusieurs jours. Appel à contributions. Vous aurez constaté que mon sens de la drague n’est pas ultra-développé (mais je me soigne). Par ailleurs, vous serez d’accord de dire que le sujet est piégeux, car ce n’est pas parce qu’on est fromager qu’on aime le fromage. HA!

Bref, telle Inès de la Fressange (que je hais pourtant avec force), je me la pète que je suis une Parisienne. Semblable à un porc truffier, je suis capable de dénicher toutes les pépites pleine de classe et d’élégance enfouies dans mon quartier (je ne sais pas pourquoi mais on dirait qu’être une Parisienne a pour synonyme « faire office de guide de shopping ambulant ») (je préférais Kiki de Montparnasse, quand même).

Faut dire que j’habite in the middle of boboland mais bon ça va, je gère.

Or donc, dans ma vie de quartier il y a :

– une super petite boutique de cupcakes pour les meufs en kif de Sex & the city (la SERIE hein, pas les films) (les films, grossières erreurs de la nature, ne méritent même pas d’être mentionnés),

– trop de marchands de fringues, de parfums et de thé (mais j’y vais quand même de temps en temps, même si je suis opposée à leur présence) (aucune cohérence politique),

– des boutiques pour filles trop magnifiques mais où tout est juste 1000 fois trop cher,

– une charmante librairie allemande (eh oui les gens, je lis l’allemand couramment) (hu hu hu) (et l’anglais aussi d’ailleurs) (hu hu hu hu hu),

– un cordonnier pourri et un cordonnier obsédé qui t’entraîne dans des discussions salaces,

– deux théâtres, un public et un privé, ce qui fait que je ne vais que dans l’un vu que l’autre j’ai pas les moyens de me payer des places,

– plein de bonnes boulangeries (le pain, y en a pas bonne idée pour le régime) (mais qu’est-ce que c’est bon!) (j’ai compris tout l’intérêt ontologique de la baguette en vivant aux États-Unis) (celui du fromage également, si on va par là),

– un p’tit cinoche de quartier fort sympatoche. Comme dit Eddie, La lumière revient déjà, et le film est terminé… mais chez les bobos, chance, on ne les ferme pas, les cinémas de quartier,

– des ami(e)s (dont un que je croise bizarrement A CHAQUE FOIS que je vais au Mac Do en scred) (je suis censée être au régiiiiiiiiiime, donc),

– des pentes et des escaliers (bad idea l’ascension pieds nus de la Butte par la face sud, au fait) (mes aspirations à devenir Maurice Herzog n’auront duré que quelques minutes),

– l’ascenseur des Abbesses que quand il est en panne tu te prépares à faire seppuku plutôt que de monter toutes les marches (mais tu devrais être contente car ça va te faire dépenser des calories vu que t’es au putain de réGIMEEEE) (fuck you, you rascal!),

– beaucoup trop de touristes qui ont une singulière tendance à te bloquer l’accès au métro quand t’es hyper pressée (on les reconnaît à leurs baskets, méga-appareils photos – dont ils ne savent sans doute pas se servir, chouchous dans les cheveux – beurk, et leur air ahuri),

– une boutique mexicaine pleine de masques et de crânes en plastique (j’ai il est vrai une faiblesse particulière pour les catcheurs et les vanitas) (hu hu hu),

– et deux ex.

Condamnée à ne jamais sortir de chez moi en jogging et le cheveu en berne.

Mais bon ça va, je gère.

Carte de déchiffrage territorial à l’usage de mes patients et sublimes lecteurs. Cliquez sur l’image pour bien voir (oui je sais JE PARLE TROP)

2 réflexions sur “Ca y est, j’ai une vie de quartier…

  1. Merci d’avoir précisé que la libraire – qui semble sortir tout droit d’un film de Tim Burton – était complètement azimutée… Mais alors, bien… Je pense qu’il faut faire une pétition pour la muter juste en face (à la poste donc)

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