Embuscade souterraine

Aujourd’hui, au détour d’un couloir du métro, m’attendaient embusqués dans leur loden d’Autrichiens qui ne s’assument pas nos amis les contrôleurs de la RATP. Evidemment, même pas mal, j’m’en fous j’ai un abonnement même s’il ne me permet pas de sortir bien loin de Paris. Une rapide recherche sur internet permet de constater que ces braves gens (ou « schtroumpfs verts » selon un surnom bien trouvé) éveillent chez le citoyen moyen un sentiment de rejet manifeste, qui n’est pas dû qu’à leur costume (mais c’est vrai que le loden c’est grave moche). En effet, leurs nouvelles techniques de camouflage nous changent de l’esprit bien franchouillard de la fraude dans le métro – un vrai sport national.

Traditionnellement, la lutte contre le fraudeur se faisait de façon franche et spontanée, à coup de systèmes de contrôle à l’entrée du métro : tourniquet, puis portes post-tourniquet (toutes choses qui ont signé l’arrêt de mort du poinçonneur des Lilas – de toute façon avec la carte Navigo il n’avait pas d’avenir, vive les puces qui contrôlent tous nos déplacements !). Et les fraudeurs d’adopter de nouvelles tactiques de contournement : « je peux passer avec vous ? » Je sais pas pourquoi mais il me semble que les gars en question visent plutôt les jeunes nanas pour frauder (beurk, ôte-toi de mes fesses, espèce de raclure sociale !) Mais je n’ai rien contre les fraudeurs dans l’absolu (sauf quand ils me collent au cul).

Dans le même esprit « le fraudeur ne passera pas » donc, les contrôleurs de la RATP développent des techniques de camouflage subtiles : ils se postent au coin d’un couloir, voire, voire… abandonnent leur loden vert pour se fondre dans la masse des moutons des transports en commun. Cette tactique emprunte à la tactique allemande du « tu ne frauderas pas », qui consiste à laisser libre l’accès au métro… pour mieux l’alpaguer par surprise dans les rames : perso j’ai déjà assisté à une séance de contrôle dans le métro berlinois, qui s’est déroulée ainsi.

Tout le monde s’endort à moitié, tranquillement bercé par la rame de métro, quand tout à coup un jeune punk flanqué d’un chien de berger se met à crier : « Ausweis bitte ! » Le plus flippant c’est en fait quand tout le monde a sorti d’un même mouvement son titre de transport, quand j’en étais encore à fouiller fébrilement la 3ème poche de mon sac pour trouver mon ticket (oui j’aime les sacs à poche, et alors ?)

Bref, les schtroumpfs pas verts c’est déprimant, alors je demande solennellement aux agents de la RATP de continuer à afficher la couleur (bon c’est vrai que c’est pas super bon pour le teint le vert, mais ça nous a ce petit côté militaire bien Etat régalien ou rural profond qui reste assez réjouissant).

Et pour finir la journée, je suis tombée à la poste sur deux bonnes sœurs qui envoyaient une dizaine de paquets à Rome (des hosties ? des bibles ? des strings « religieuse » ?), résultat une bonne demi-heure d’attente pour récupérer un paquet qui n’était pas encore disponible… Ah là là, ma bonne dame, mais où va le service public ?