Alors que Donald s’apprête à faire sauter la planète grâce aux rayons maléfiques émis par son toupet, ce blogue s’attaque à un sujet d’importance face au risque de la menace fasciste : le chewing-gum. Vous vous en doutez, l’entière rédaction (et nous sommes nombreux) de cet immortel lieu de décryptage heideggerien de notre temps s’oppose avec virulence à l’objet chewing-gum (« fuck dat » nous confie notre rédacteur adjoint entre deux coups de pieds énervés à la photocopieuse qui s’est encore bourré la gueule de papier dans des endroits où la main de l’homme n’a jamais mis le pied) (ce blog est heideggerien, parfaitement : c’est pas parce qu’on n’a pas lu Heidegger qu’on peut pas se la péter, comme le fait Dalida dans l’im-mense / -monde (porosité du langage que ne dénierait pas Wittgenstein, qui aurait sans doute apprécié particulièrement Paroles Paroles) biopic qui vient de lui être dédié sur les écrans).
Le chewing-gum, objet de perversion à l’image de nos sociétés ramollies : en effet, la gomme qu’on mâche, bien qu’elle puisse se targuer de quelques ancêtres autochtones et exotiques tout autant qu’indigènes, comme le bétel ou la feuille de coca, n’opère pas vraiment d’effet apaisant grâce aux vertus hallucinogènes d’une bienfaisante plante. Non, le chewing-gum est une infâme tablette inventée par un Américain (tout cela sans aucun préjugé anti-atlantiste), totalement artificielle, qui ne sert à rien sauf à accentuer sa ressemblance avec un ruminant : en effet, le ruminant, animal qui rumine donc, possède deux estomacs entre lesquels il fait passer la nourriture en la régurgitant dans sa propre bouche et en la remâchant l’air placide, en regardant passer les trains de la même manière qu’il regarderait passer des bébés morts ou des culs de girafe. (Ça veut dire que le ruminant se chie dans la bouche et mâche sa chiasse, donc). C’est dire si ça donne l’air fin. Et les bulles, on peut en parler des bulles ? Et fous-y toi sur la gueule de la gomme dégueulasse et collante (je ne parle même pas des veuch). On repassera pour le sexy.

L’air fin de la jeunesse contemporaine.
Outre cette gueule de bovin ahuri, quels sont les bienfaits du chewing-gum ? Il paraît que ça muscle les mâchoires. Utile si vous comptez tailler des pipes au kilomètre, sans doute, mais à part ça, sauf à vouloir accentuer votre ressemblance avec Schwarzenegger et sa belle mâchoire carrée, on me pardonnera de me trouver perplexe.
Par contre, le chewing-gum, contrairement à ce que l’on pense, ne donne pas bonne haleine. Oui, je sais de quoi je parle, je remédie personnellement à ce problème avec des pastilles de menthe forte après une étude de marché comparative dont la comparaison fut sans appel : bonbon suisse « aux plantes des alpages » et chewing-gum à la menthe n’ont comme conséquence qu’un désagréable effet sur le transit, qui consiste à augmenter substantiellement les ballonnements de l’estomac. A propos de ruminants, on rappellera utilement ici que le méthane produit par les pets d’une vache en un an correspond à l’émission d’un trajet en voiture de 400 kilomètres. Ne nous voilons pas la face, mâcher sans cesse du chewing-gum va finir par vous faire produire le méthane d’un Paris-Brest en moins de deux, ce qui n’est pas exactement le moyen de faire des ravages dans la gent masculine ni même, si vous avez des objectifs plus modestes, d’avoir une vie sociale florissante. Vous risquez vite, comme le dit mon auguste père de refouler du goulot.

Elle est facile mais elle me fait toujours rigoler. De rien.
Quel besoin, mon Dieu, que celui qui vous pousse à mâcher sans trêve ? De mâcher on tombe sans coup férir dans mordre, donc nous revenons à votre objectif de vous muscler les mâchoires qui ne peut avoir pour seul but que de sucer des bites au kilomètre pomper le dard à tous les habitants de France et de Navarre : inutile de préciser qu’une mâchoire musclée vous sera peu utile si vous adoptez ce regrettable réflexe de mordre dans le chouingomme (je me suis également retenue de souligner l’ignoble sonorité de cet aboli bibelot d’inanité couinant – comme, hélas, de trop nombreux mots de malheureuse origine anglo-saxonne qui viennent souiller la belle langue de Molière, Racine et Maître Gims – le monde va mal mes amis, le monde va bien mal).
Je peux comprendre l’envie, le besoin malsain, l’avidité enfin, du fumeur ou de l’alcoolique, cette tentation de biberonner, de téter, de brouter, de boire enfin. On est là dans un inconscient névrotique finalement assez simple, si ce n’est sain : faire le bébé, traire la substantifique moelle d’une maternité regrettée. Moi-même j’ai une coupable appétence la paille : ainsi, je bois un café à la paille tous les matins, ce qui a pour avantage de maintenir à un rythme de croisière mon transit intestinal (en effet, la machine à café du boulot produit un laxatif de fort bonne qualité). Je reconnais que je suis une droguée qui enrichit Sodexho dans un coupable aveuglement.
Mais du moins, j’aspire. Mastiquer, JAMAIS.