D’abord chers amis, payons nos respects à la Fête de la Fédération, la prise de la Bastille et la Constitution de 1793. Faudrait pas oublier qu’y a pas que les bals et la gaudriole, et qu’avec la Lonesome Emmerdeuse à la tête du Comité de Salut Public responsable de la Guillotine du Grand Capital et Melle Babouchka aux commandes du Comité de Libération Culturelle par l’Echafaud, la Révolution qui vient s’annonce pas dans la déconne non mais Chantez j’en suis fort aise, eh bien dansez maintenant, Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins, Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladins. Et y aura pas de quartier.
A propos de guillotine, de pendus, de diable et de danse (admirez la qualité de la transition), nous voici face à l’événement du coin de la rue, le bal des pompiers. Sorte de réjouissance populaire sans prétention, survivance du bal des célibataires dans le Haut Larzac du siècle dernier, emprunte de bon sens, de lampions, de barriques de vinasse, de basses dégueu et de tension sexuelle, le bal des pompiers est à l’été ce que le carnaval est à l’hiver : un bon gros défoulement où tu découvres que le guy next door est une bombasse masquée, et que, en fait oui, tu as bien des muscles dans les jambes parce que sinon comment aurais-tu tournoyé dessus de 23h à 4h du mat’ ? La nature est étonnante. Que ferions-nous si nous étions tous cul-de-jatte ? Des choses bien étranges sans doute.
Il faut savoir que le pompier parisien, contrairement à ceux des bourgades de province (prononcé avec une nuance de mépris bienveillant), est un militaire bien entraîné, qui doit réussir tous les jours le test de la planche pour être déclaré bon pour le service (ah, le test de la planche : le seul auquel les hommes devraient se soumettre, après sois musclé et tais-toi, et roulez jeunesse !) Inutile de préciser que quand, dans sa jeunesse, la Lonesome Emmerdeuse créchait non loin d’un de leurs lieux d’entraînement, elle y a passé quelques dimanches après-midi en scrède à mater sur la coursive. Néanmoins, suite à quelques orages et à de nombreux verres en trop, jamais la Lonesome Emmerdeuse n’avait encore assisté à un vrai bal des pompiers. A plus de trente ans, la vie nous réserve encore tant de premières fois : la belle leçon de vie que voilà ! (ici trouver une petite citation de Montaigne de derrière les fagots sur la richesse de l’existence, ça leur montrera à ces petits incultes de lecteurs) (wikisource est ton ami).
Donc, après une décision unilatérale de certains êtres de soi-disant sagesse mais en fait d’essence tyrannique (avez-vous remarqué comme souvent les staliniens se croient intelligents ? c’est un peu pénible à la longue), la partie se dirigeait vers le bal des pompiers de la place de Bitche, en daubant gratuitement sur le nom ridicule de l’endroit (ridicule, allez-donc ! cette bourgade de Moselle, patrie de Michel Bizot et du commandant SS du camp de Majdanek (point Godwin, bam !), connue aussi sous le nom de Bittes et de Bitch au Moyen-Âge, se prête certes aux jeux de mots graveleux, mais que ne parlons-nous de Chatte ou d’Anus ? – dont nous nous joignons néanmoins à la douleur de n’être que la 1258ème occurrence sur google après moults tutoriels inutiles hébergés sur youporn). Bref, ha ha ha, et là nous ouïmes des sons délicats au ras de l’eau, qui émanaient de la caserne du 10ème arrondissement. Ni une ni deux je t’embrouille, nous voici à guetter le chaland au bord du canal Saint-Martin, entre hipsters, bobos et jeunes barbus divers, dont la densité frisait celle des poils sur la poitrine de David Hasselhoff. Bref, y faisait chaud et y avait de l’ambiance.
Mais pour une fois, le spectacle n’était point dans la salle mais sur scène, où La Rockeuse et son orchestre faisaient le show. Comme on dit dans le jargon du Sud de la France et tu donnes tu donnes tu donnes. De Madonna à Gangnam style en passant par Lady Gaga et Jean-Jacques Goldmann, sans oublier le bon vieux disco, c’était du LOURD.
Hélas, nous devons le dire, la Rockeuse fit un étonnant choix vestimentaire aux alentours de 1h du matin, où elle parut vêtue d’une étonnante combinaison rose tirant sur le cuisse de nymphe émue, et surtout plus moulante qu’une combinaison de Lance Armstrong après ses piqûres et le col du Ventoux. Hélas, hélas, nous devons ici le dire vulgairement, garder sa culotte de grand-mère n’est alors point du meilleur effet, d’autant que, oh mon cœur se fend à cette évocation, le tissu était particulièrement serré au niveau du bas-ventre : en un mot comme en cent, la combi des années 80 lui moulait la chatte avec un manque d’élégance criant. Assistée du Roi du zouk, chanteur tatoué au marcel et jean troué, dont l’enthousiasme se traduisait au nombre de coups de bite dont il ponctuait la mélodie, sans doute dans un élan de communion avec le public, la Rockeuse régala son public d’un pot-pourri sorti tout droit de la mélodie des sphères. Et surtout, surtout, il y avait les danseuses. Trois bonnasses qui trémoussaient du cul dans des chorés endiablées rehaussées par leurs changements de costume : l’acmé fut sans aucun doute atteinte sur Like a virgin où elles parurent en bustier et culotte de satin blanc, un voile sur les cheveux. N’est pas Madonna qui veut, mais bon sang, ça envoyait du lourd. D’autant qu’en une seconde acmé, celle de 2h du mat’, le Roi du zouk, dans un moment d’enthousiasme et de générosité, déchira son marcel devant la foule, pour montrer à son public en délire son torse glabre et musclé. On frisait le génie.
L’ambiance fut survoltée, le champagne coula à flots, les rires fusèrent de partout.
A ce qu’il paraît, c’est une soirée pour les filles et les beaufs.
Eh bien, chers esprits chagrins, apprenez que c’est ça qui est bon.