Du parapluie

Salut les aminches, comme d’habitude un sujet de la plus haute importance et brûlant d’actualité. En effet, Paris est certes une ville de la boulasse ultra galactique (surtout si on a du fric mais ça n’est pas le sujet), excepté la délicate question de son climat. Ne nous voilons pas la face : à Paris il fait un temps de chien, il pleut comme vache qui pisse, il fait tout le temps gris et t’as grave envie de te tirer une balle n’étaient-ce les antidépresseurs et la Fashion Week. Car (annonce solennelle) il pleut plus à Paris qu’à Londres ; c’est dire.

Le parapluie est donc un accessoire indispensable à la vie quotidienne, de concert avec l’anti-imperméabilisant pour chaussures et l’évitement de Lionel Richie, un artiste bien connu pour déclencher des torrentialités diluviennes. Vous aurez noté l’état catastrophique de la météo ces derniers jours. C’est pas tout ça et cela vous semble sans doute futile de causer de la pluie et du beau temps, mais personnellement je trouve ça extrêmement important pour le moral (sans compter l’état des nappes phréatiques et des cultures) et je pourrais en parler des heures – mais les gens n’ont aucun sens des réalités et préfèrent me soûler avec le dernier clip de Rihanna ou la couleur du slip d’Alain Juppé. Allo quoi.

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Genre la pluie c’est fun. Bravo la propagande hollywoodienne.

Il y a un truc que j’ai toujours grave kiffé dans les parapluies, c’est que les tiges s’appellent les baleines. Déjà, parce que j’aime la précision du langage et briller en société par l’usage d’hapax bien placés hachetague je parle mieux français que Finkielkraut mais je dis quand même bite toutes les deux phrases parce soyons précis, une bite est une bite – notez d’ailleurs la forme phallique du parapluie, la domination de la bite n’a décidément pas de fin. Ensuite, j’aime imaginer que le dessous de mon parapluie, quand je l’ouvre, est peuplé de petites baleines qui étaient en train de dormir nichées dans les plis de la toile cirée ; et quant le parapluie se déploie, elles agitent leur nageoire caudale en baillant car elles n’aiment pas trop qu’on les réveille. Que le parapluie, bien qu’il nous protège de l’eau, est comme le plafond de la mer sous laquelle on plonge, que très loin au dessus il y a le soleil et le ciel bleu.

J’aime, donc, les parapluies. Surtout quand ils sont grands, dodus, fiables et solides, avec un manche de bois que l’on tient bien en main (honni soit qui mal y pense) et des baleines fermes et de bon aloi. Pas un truc tout chiffonné qui se replie en 1000 et lâche toujours au mauvais moment pour finir abandonné dans une des affreuses poubelles transparentes vigipirates anti-attentats qui font qu’on n’ose plus rien jeter tranquille. Genre en pleine averse accompagnée de bourrasque ; les baleines, retournées pour la 100ème fois par le vent, poussent un dernier gémissement et meurent après quelques semaines de service, car ce sont des baleines chinoises enfants esclavagisées par l’industrie du parapluie. Mais j’avoue qu’ils sont petits et pratiques.

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Sempé

Car hélas, il faut se rendre à la dure loi de la nécessité, celle de la disparition mystérieuse des parapluies. Tout comme les chaussettes qui disparaissent quand on les engouffre dans le lave-linge, les parapluies ont une fâcheuse tendance à partir vivre leur vie. Sans doute sont-ils malheureux tout seuls, et aspirent-ils à une vie commune où ils peuvent rester ouverts ou fermés à leur convenance, où ils peuvent sortir plus d’un jour sur trois (OUI IL PLEUT UN JOUR SUR TROIS A PARIS LES AMINCHES, ALERTE GENERALE). Ou bien, plus probablement, suis-je une terrible étourdie qui oublie parapluie après parapluie, car hélas le parapluie mouillé n’est pas toléré dans les intérieurs : mon grand parapluie bleu à la fac à Nanterre, mon parapluie transparent dans un bar à République, le parapluie noir à la poignée recourbée la dernière fois que j’étais chez cet homme-là.

Maintenant je ne compte plus ; It’s raining men, God bless Mother Nature, she’s a single woman too.

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Araceli Robledo

2 réflexions sur “Du parapluie

  1. Merci de cette chronique poétique correspondant en tous points à ce qui m’arrive souvent. Mes parapluies disparaissent aussi, me quittent sans prévenir, reviennent rarement. Et oui, avec les chaussettes en velléités de rupture qui se barrent en douce à la sortie du tambour de machine à laver (et parfois elles partent en compagnie de leurs copines les épingles à linge qui disparaissent également par enchantement). Certains livres ou CD aussi se planquent ou se font la malle. Parfois les trousseaux de clés également et les gants. Et les tétines des enfants, très nomades.
    Je crois qu’ils migrent tous au pays mystérieux du Grand Perdu

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