Du tour de France

Le tour de France, ce programme sportif télévisé qui dure des plombes, où l’écran des chaînes nationales est empli l’après-midi durant d’une flopée de types suants en costumes moule-bite tant et si bariolés que même Geneviève de Fontenay s’en retournerait dans sa tombe (ah bon, elle n’est pas morte ?) (ne médisons pas) (cette femme est un apôtre du bon goût). Joie, joie, pleurs de joie, l’été arrive, on va avoir droit au défilé des châteaux locaux et des pentes des massifs de France, moite torpeur des après-midis de juillet où vraiment on a tellement rien d’autre à foutre qu’on finit par laisser cette succession d’hommes à roulettes traîner sur l’écran plat ma super télé vintage des années 80 que même Louis la Brocante n’en a pas une aussi belle. Comme vous le voyez, le tour de France éveille en moi un sentiment de terroir, la profondeur pleine de vitalité de la France de derrière les fagots qui se lève tôt, sait d’où elle vient, porte les maillots une-pièce de sa grand-mère et vénère les ci-devant aristocrates avec la ferveur du paysan médiéval (Stéphane Bern, si tu fais une émission sur Robespierre tu pourras peut-être sauver ta peau de royaliste à la manque) (ça vaut aussi pour toi Laurent Deutsch, qui te prétends royaliste de gauche. Va faire un petit stage chez Jean-Luc Mélenchon, il va vite te remettre les idées en place).

Le principe de l’émission télévisuelle autour du tour (ou autre jeu de mot misérable du même acabit) consiste à présenter la région concernée par l’étape du jour (on se croirait au pèlerinage), avec des invités pertinemment choisis. De sympathiques figures de notre charmant patrimoine national me sont tout de suite venus à l’esprit (Geneviève et Louis, couple tutélaire de nos plus de 65 ans), alors même que le Tour n’est que la réunion d’une bande d’estrangers venus comparer la taille de leurs cuisses (eh dites, les aînés (faut pas dire les vieux, c’est pas politiquement correct), faudrait savoir : y a trop d’étrangers en France, ou quoi). Quelques exemples de ces hôtes de marque, vraiment très très vernaculaires et à la limite du légendaire : Jean-Luc Lahaye, Frédéric François, Dany Brillant, Herbert Léonard, Jean-Pierre Mader et consorts. Brushings des années 80 on ne vous a pas oubliés, ni toi la grande chanson française qui apporte un peu de bonheur dans les chaumières au son du synthétiseur. On peut aussi y croiser, bien entendu, Miss France (on ne dit pas de mal elle est Alsacienne, c’est de la bonne !), ou de brillants animateurs de la télévision comme PPDA ou Julien Lepers, dont le nombre de cheveux sur le caillou flirte avec le nombre d’années d’existence du Tour (109). Ah sinon je viens de vérifier le nom de l’émission, c’est Le village du Tour. C’est vrai qu’avec plus de 90% de la population considérée comme urbaine en France, faudrait pas oublier nos vraies racines de cul-terreux.

Cette bande de compétiteurs à larges cuisses (pas très très sexy, reconnaissons-le) se bat pour des costumes moule-torse de couleur, ou maillots jaune, vert ou à pois rouges (mais d’où A POIS ROUGES ???) encore plus ridicules que les costumes des Biomen. Enfin ne soyons pas chiens, ces braves sportifs qui se contentent d’un chiffon coloré c’est remarquable. Oui, aucun enjeu de fric ou de dopage dans ce sport plus immaculé que la Vierge Marie. C’est vraiment tout à fait extraordinaire. Seule faute de goût, la  poulette bien roulée et légèrement vêtue qui remet le trophée au vainqueur à chaque étape (mais faut bien que Papi puisse profiter du coup d’œil). Non vraiment, que d’entrain joyeux et bon enfant !

Le problème, vraiment, le grand problème, c’est que c’est chiant à mourir et puis ça dure des plombes. Y pédalent y pédalent y pédalent, et en plus apparemment y a des stratégies de groupe de la mort qui tue pour s’échapper du peloton. L’échappée durera-t-elle 10 minutes, une demi-heure ou des heures interminables ? Le suspense est intenable. C’est un peu comme de regarder tous les films de Rohmer à la suite, y en a un ou deux qui te réveillent de temps à autre et puis tu retombes dans une apathie de bon aloi. De toute façon c’est toujours Lance Armstrong qui gagne. Le seul truc amusant c’est d’espérer qu’un des cameramen à moto va enfin se troncher la gueule en rentrant dans un cycliste. Un peu vil comme expectative télévisuelle, je l’avoue.

Ce sport étrange semble attirer avant tout les mecs et pour cause, la bande de kékés à bécane est entièrement constituée de testostérone. Certains, comme mon cousin (qui est un brave garçon mais qui se laisse parfois entraîner par un enthousiasme déraisonnable, pour le vélo par exemple, mais aussi pour l’alcool, hélas) (moi, m’enfiler des verres de gewürtz en douce des parents ? jamais !) pratiquent l’admiration dans la proximité et se lèvent avant l’aube pour gagner l’étape du jour et pouvoir admirer au contact le passage du peloton, plaisir bref mais intense que l’on éprouvera souvent sous un soleil de plomb. Mais à ce qu’il paraît la sensation est inénarrable. Inénarre tant que tu veux, no way que je fasse un jour ce genre de conneries. En plus il y a des morts (et je ne rigole pas) (oui bon, je peux aussi mourir dans l’effondrement de la carrière située sous mon immeuble, mais on ne va pas rentrer dans ce type de raisonnement à la con).

Cependant la majorité de la gent masculine, pas folle la guêpe, se pose tranquillou devant la télé avec une bière et finit généralement par piquer amplement du nez au bout de quelques sprints trop épuisants à contempler pour le corps et l’esprit. D’ailleurs, selon mon beau-frère (qui est un puits de science virile), c’est la perspective d’une sieste houblonnée qui expliquerait la passion de nombre de types pour le tour de France. Femmes, sachez à quoi vous en tenir (en même temps, qui se fait encore des illusions sur la passion des hommes pour la bibine et le roupillon ?)

Sur ce, je m’en vais faire les soldes (VOILA une activité passionnante !)

2 réflexions sur “Du tour de France

Répondre à wanderingcity Annuler la réponse.