De la pilule et du désir

Ce texte est entièrement personnel et ne se fonde sur aucune source sérieuse. Dont acte.

Alors ouais j’écris plus, mais croyez-le ou non je bosse, je bois de la tisane, que des trucs sérieux. Quand soudain, alors que je lis un journal mainstream auquel l’homme de ma vie est abonné contre mon gré dont il n’a rien à foutre, j’apprends que dans les mééééééédia on cause contraception et désir à gogo. Bon, me dis-je, je vais faire ma pute à clics et partager mon expérience fascinante à ce sujet.

« Ah non je peux pas, ça me fait débander », voilà une phrase que j’ai entendu plus souvent qu’à mon tour (restons vagues) quand je demandais à un homme d’enfiler un préservatif. J’aurais dû répondre « Ben ça sera ta main alors, mon coco ». Mais je suis bonne fille, je veux bien, alors je continuais à prendre la pilule.

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Je t’aime le lundi, je t’aime le mardi, je t’aime le mercredi et les autres jours aussi.

Sauf que la pilule (même si je bénis chaque jour ces extraordinaires inventions qui nous permettent de tomber enceinte, ou pas, quand on veut), ben moi, ça me coupe entièrement et totalement la libido (attention, je ne dis pas que c’est le cas pour tout le monde, juste pour moi; les autres je m’en fous, merci). Et pendant longtemps, tout le monde s’en est bien battu les couilles de ma libido, parfois d’ailleurs pour de bonnes raisons, comme ma mère qui m’a emmenée chez sa gynéco pour que je puisse avoir une vie sexuelle sans me poser de questions.

Or donc comme je suis une gourdasse, à 17 ans je n’avais pas de vie sexuelle (enfin gourdasse, c’est pile dans la moyenne, quand même) et aucune idée de ce que pouvait bien être le désir, à part rougir démesurément quand un garçon me parlait philo. Adoncques, dans ma prime jeunesse j’étais persuadée dur comme fer que seule l’intelligence des cimes était capable de me séduire : il suffisait de dire Wittgenstein et eschatologie dans la même phrase et bim ! je m’allongeais tout de go (enfin, celui qui a essayé a emporté le morceau).

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C’était la fête du pesli à paillettes

Donc, pendant des années, j’ai pris la pilule et été excitée par des idées. Je peux pas dire que ça a été le fond du trou, mais ça n’a pas non plus été le Pink Paradise niveau désir. Or donc, mais comment cela ? Serait-ce que toutes ces hormones sont capables de couper la chique de ton tchi-tchi ? EH BEN OUAIS MA BONNE DAME. Bof quoi. Sauf que les médecine ne pensent pas trop des masses à te parler de cet éventuel effet secondaire de la pilule, parce que tabou, pas formés, que sais-je (je précise que j’ai une médecin féministe et extraordinaire, mais qui juste n’a jamais pensé à me poser la question parce que je n’ai jamais interrompu ma prise de pilule en plus de 15 ans).

Tavu quand j’ai réalisé, la tête en plein trip naturo-yogique de retrouvailles avec moi-même, que TOUT À COUP miracle j’avais une libido du feu de Dieu. Que diantre, me dis-je (car je converse moult avec moi-même), que diantre donc, merci aux sapins et à la méditation intérieure (j’avais tenu à peu près 3 minutes), j’ai enfin envie de me faire gonfler la mouflette, astiquer l’abricot et couvrir le rigondin aux quatre vents ! Suis-je normale ? Étrange, je trouve des décérébrés du genre de Russell Crowe, voire même DAVID BECKHAM extrêmement ATTIRANTS ?

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Par Wolinski

Mais que m’arrive-t-il ? Je te raconte pas le choc anaphylactique que c’est de découvrir l’afflux de désir sexuel quand tu es une vieille peau : mais bon, Eat pray love, il n’est jamais trop tard TMTC. (Je vous arrête tout de suite : je trouve toujours 50 nuances de Grey plus mauvais qu’un film de Rohmer et c’est dire, j’ai quand même des limites.)

ET PAR AILLEURS. Je me suis mise à faire des recherches sur la sexualité féminine. Les aminches, avant trente ans, je ne savais même pas À QUOI ÇA RESSEMBLAIT UN CLITORIS en entier ; incroyable. Ami homme, le savais-tu ? Le clitoris est la source du plaisir féminin. Et c’est gros, c’est un truc GROS, mais pas à l’endroit que tu crois. Que ne le savais-tu point que je te le dis.

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Tiens c’est cadeau.

« Oui mais brgmmmmhhh…. Freud brgmhhhhh vaginal… ma meuf crie quand je la pilonne… »

HALTE-LÀ je t’arrête tout de suite mon ami ! Je me bats l’œil de tes arguments faiblards que la nonchalante habitude d’un plaisir mécanique actionné à la force monotone du piston te fait avancer. Freud était un homme, et si tu n’as jamais entendu parler de simulation c’est que tu es sourd comme un œuf (ou un pot, ou une tarte tatin). Ouais mec, ta meuf simule, on simule toutes mec. TOUTES. Pas toujours. Donc mets-toi au boulot et essaye de comprendre comment ça marche, c’est franchement à la portée du premier nullard venu, c’est fait pour ça. J’espère que j’ai instillé un peu d’insécurité dans ta cervelle, hin hin, j’aime être à la fois utile à l’humanité et cruelle à l’oppresseur. Bisou.

Car nous voilà encore, nous les femmes, ployant sous le faix de notre propre désir. Faut qu’on s’en occupe nous-même, faut expliquer, faut chercher. Incroyable. Vazy le taf. Certes, on n’est jamais mieux servie que par soi-même, mais avec les tâches domestiques, le salaire moindre, le vagin déchiré à l’accouchement (ouais ouais c’est la nature, hein, mais quand même, imagine-toi une boule de bowling qui te passerait par le derche, en attendant), si on pouvait AUSSI avoir un peu de plaisir, ce serait pas de refus. Renseignez-vous les mecs, et pas sur youporn. Merci.

(Eric Zemmour – mais aussi Alain Finkielkraut et toute la clique – si tu m’entends, oui tu es petit et moche et ta vie sexuelle a l’air moins excitante que la saison 7 de Game of Thrones mais je te promets que nous les femmes ne te voulons aucun mal ; juste, on s’en fout de ta gueule. Voilà. Donc remets-toi. Et ferme ta gueule jusqu’à ce que tu aies vécu ce que c’est qu’être une femme. Donc jamais. Donc voilà, ferme ta gueule. Non. CHUT.)

En attendant on a beau être une antiquité c’est quand même bien beau de kiffer la vibes avec son mec (uh uh), j’suis pas d’humeur à c’qu’on me prenne la tête (laisse-moi kiffer, oh yeah).

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